30 séismes, 28 enseignements

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(IRIN) – L’Overseas Development Institute, une cellule de réflexion britannique, vient de présenter un rapport réalisé par ALNAP, un réseau faisant la promotion de l’apprentissage et de la responsabilité, exposant 28 enseignements tirés des interventions post-séismes menées ces 30 dernières années.

Le rapport traite du séisme qui avait fait 23 000 morts au Guatemala, en 1976, et de celui de 2006, à Yogyakarta, au cours duquel 5 749 personnes avaient trouvé la mort. Selon ce rapport, publié par ALNAP en 2008, intervenir à la suite d’un séisme est particulièrement difficile, en raison du taux de mortalité élevé, du réseau routier et des infrastructures, en grande partie détruits, des gravats qui retardent les opérations de relèvement, et du risque de répliques sismiques.

«Chaque fois qu’une évaluation importante est menée, ses conclusions indiquent [que] les interventions d’urgence n’ont pas tenu compte des enseignements tirés à la suite des situations d’urgence précédentes», a dit à IRIN Ben Ramalingam, directeur de la recherche et du développement chez ALNAP. «Les décisions que nous prenons à l’heure actuelle en Haïti peuvent influer pendant longtemps sur le déroulement des opérations».

Ben Ramalingam nourrit de grands espoirs. «Aujourd’hui, on s’attache beaucoup plus à savoir ce qui peut être amélioré, a-t-il déclaré, comparant Haïti aujourd’hui aux répercussions immédiates du tsunami de 2004. On parle énormément de coordination et de qualité ; c’est une situation sans doute unique».

Selon ALNAP, le principal enseignement que doivent appliquer les organisations humanitaires repose sur l’importance de mener simultanément les opérations d’aide d’urgence et les opérations de relèvement à long terme. «Le relèvement est le principal défi. Dans le cadre de la planification de leurs opérations, les organismes ne devraient pas surestimer l’importance des secours, et devraient procéder rapidement aux activités de relèvement».
Haïti devra probablement compter trois à cinq ans pour se remettre matériellement de la catastrophe.

 

Le relèvement

 

«En Haïti, le relèvement est également social, politique et économique, et non uniquement matériel, et l’aide humanitaire a ses limites dans ce domaine», estime M. Ramalingam. «La communauté internationale dans son ensemble doit relever ce défi».

Parmi les priorités immédiates pour Haïti, il est indispensable de désigner l’institution (qu’il s’agisse d’un organe public existant, des Nations Unies ou du gouvernement américain) qui sera chargée de diriger les interventions, a-t-il fait remarquer.

En outre, au moment de planifier leurs interventions, toutes les organisations humanitaires doivent se souvenir de cette leçon simple : «A la suite de toute catastrophe, la majorité des opérations de sauvetage sont réalisées par les populations elles-mêmes. la principale ressource des Haïtiens est leur propre capital social. Les organismes doivent communiquer des informations utiles aux communautés, de sorte qu’elles puissent planifier leur propre rétablissement dès le début».

Quelques autres enseignements présentés
dans le rapport d’ALNAP

 

  • Donner de l’argent liquide et privilégier, si possible, l’achat local. Un enseignement à appliquer avec précaution en Haïti, compte tenu des problèmes de sécurité, prévient toutefois M. Ramalingam.
  • Ne pas surestimer le risque de maladie, car cela entraîne une mauvaise affectation des ressources. Seules trois catastrophes géophysiques sur 600 ont donné lieu à des épidémies, selon les recherches publiées dans l’Emerging Infectious Diseases Journal. Le vrai risque, pour les survivants, que présentent les cadavres des victimes à la suite d’une catastrophe naturelle est un risque de maladie mentale, causée par le choc et le chagrin.
  • Se concentrer sur l’hébergement d’urgence en négligeant la question de l’hébergement permanent est une erreur. «L’hébergement de transition», pouvant être transformé en habitations permanentes, offre la solution la plus sensée à ce problème.
  • Les opérations de relèvement ne sont pas neutres. Elles renforcent les inégalités existantes ou les réduisent et doivent être activement conçues dans cette dernière optique.
  • Ecouter les bénéficiaires et s’assurer qu’ils reçoivent une aide adaptée.
  • Les moyens de subsistance sont essentiels au relèvement ; écouter les populations touchées pour définir leurs priorités en matière de recouvrement des moyens de subsistance.
  • Etre prêts à faire face aux querelles foncières.
  • S’efforcer de reconstruire en mieux, par exemple en améliorant les codes du bâtiment, tout en restant réaliste : les interventions post-catastrophes ne sont pas une solution miracle.

 

 

aj/np/mw/nh/ail/ IRIN

 

 

 

 

 

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