Quel Sahel pour les humanitaires ?

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Dans quel Monde vivent les Humanitaires ? Un récent rapport[1] de «synthèse» sur «les leçons à tirer» (=les leçons que tirent les humanitaires aux questions que posent les humanitaires) est à cet égard révélateur de ce qui se dit et de ce qui ne se dit pas : en termes foucaldiens comme qui dirait une épistèmê humanitaire…

Je partirai donc, sans parti pris critique envers l’ONG ou l’Auteur[2] , de ce récent texte d’Oxfam pour décrypter un univers de langage ; c’est donc que je le juge représentatif ; on objectera que la sociologie du Sahel, de ses Etats, de ses sociétés, n’est pas l’objet du rapport : certes, cela en constitue le non-dit, et c’est bien là le problème bien au delà du texte, de nombre d’humanitaires, de développeurs, de diplomates. Produire du discours dans une intertextualité croissante, tandis que, comme disait Barthes, que «de Signifiant en Signifiant, le Réel fuit de toutes parts »…

Un univers humanitaire autoréférencé

Sur un objet social donné -i .e. la formation sociale malienne- peuvent se tenir des discours très différents, quant aux langages, registres de discours, référents…dont la dichotomie discours autochtones/discours extérieurs (savants – au sens des sciences humaines, ou profanes) n’épuise pas la diversité . De par une connaissance de longue durée du référent ouest africain, et plus récente des milieux humanitaires on peut se permettre de poser quelque hypothèses :

– Le milieu humanitaire est un « univers professionnel », à la fois cohérent et délocalisé : ces 300 000 personnes dans le monde, aux 3/4 occidentales, ont des pratiques communes, des formations similaires- quoique les valeurs, les détails des projets et des ONG diffèrent sensiblement- cette praxis correspond à un habitus, dont l’insolent 4X4 est un emblème justement de marque, mais dont la socialisation au quotidien( des « guest house » aux téléphones satellites, des « lap top » aux restaurants ou boîtes de nuit.. ) se rapproche fort des « coopérants » et des fameux « U.N»avec lesquels tout humanitaire entretient des rapports d’amour /haine caractéristiques, avant pour certains de s’y assimiler…

– Les anglicismes dont est déjà parsemé ce texte, ne sont rien à coté des sigles, acronymes, abréviations, néologismes techniques, dont la connaissance est un des pré requis de l’activité : si on échange en anglais, on pense en « humanitaire » cette novlangue expatriée dont les charmes ne se retrouvent pas encore dans les transferts romancés -sauf exception.

– A cette praxis, à ce langage, correspond un univers ordonné qui est aussi une manière de se représenter Soi, mais aussi de représenter les autres, aimablement qualifiés de « nationaux », « locaux » (plutôt pour le « personnel ») si ce n’est de « victimes » (ancien style), « bénéficiaires, attributaires »aujourd’hui, autant de sujets supposés isolés dans l’action, réduits à l’état de corps souffrants.

-Toutefois cet univers humanitaire, comprenant une manière de saisir le monde sensible – y compris «local», sait bien qu’ au-delà des individus, il y a une société politique, mais aussi des Etats, forcement défaillants – motif de la présence humanitaire.

– What else ? Pour parler globish – genre humanitaire de terrain… Il y aurait des communautés, les « focus group » annonçant qu’il serait possible de distinguer femmes/hommes, jeunes/vieux, catégories de bénéficiaires bonnes à saisir, d’autant que les lignes spécifiques de crédits leurs sont attribuées.

Mais des ethnies, du pouvoir (des sociétés à Etat, segmentaires) ? Dans la société nationale, des intellectuels et des universitaires, de la presse et des journalistes, des cadres ressortissants des terrains d’action, voire des hommes politiques ?

Pas sûr pour les humanitaires, qui font souvent « comme si » ces éléments sociétaux, ces catégories n’existaient pas, n’étaient pas pertinents pour l’action… Le travers, qui n’est pas irrémédiable, mais qui vient de ces présupposés invisibles, est bien de se forger une représentation de l’Autre et de son socius partielle, partiale, un « pays pour les humanitaires », loin du Réel – et qui au passage explique bon nombre d’échecs. Avec tout le coté décalé, schizoïde, le pays d’action semble bien un pays simulacre, « as if » diraient les analystes.

Un Mali à l’usage des humanitaires ?

Ce qui se dit : Etat, ONG, communautés. Mais aussi les « catégories » d’acteurs, dont « les femmes » servent à l’exemplification, ou à cautionner des analyses. Mais aussi les absents/présents, external/internal acteurs, véritables « dei ex machina » du récit : les « bailleurs », agences, donateurs de crédit si ce n’est d’ordres : en tout cas de mots d’ordres liés aux crédits comme le fameux- et contestable mot-valise de résilience. Quant on parle de « présupposés » ou de fantasmes humanitaires sur les institutions ou les sociétés, nous sommes au cœur du problème. L’analyse exhaustive serait trop longue, on ne pourra en aborder que quelques points.

Prenons le premier concept majeur de la « politologie humanitaire » : les « Etats africains ». Il y a maintenant, un demi siècle après les Indépendances , des bibliothèques entières d auteurs occidentaux[3] et africains sur ce thème ; sur le Mali, un remarquable chercheur national(et international, assidu à l’EHESS et publiant dans les revues occidentales) : Issiaka Bagayogo qui a écrit des analyses très éclairantes, par exemple sur le « pouvoir fanga » ancien et sa projection dans l’organisation (ou plutôt la personnalisation et les rapports de force) de l’Etat contemporain malien ; de manière générale , depuis une trentaine d’années la politologie française s’est faite à partir d’une Ecole et d’une théorie d’une « politologie par le bas », qui traite aussi bien des réseaux dans l’Etat que de la corruption.

Implicitement ou explicitement, peine perdue : cette immense et éclairante documentation est inconnue (je précise à toute fin utile qu’elle se trouve en très grande partie sur le Net, et croyant à la perfectibilité intellectuelle, je conseillerai volontiers le site de la revue « Politique africaine » …). Pour les humanitaires, l’Etat africain, malien est comme l’Etat occidental – ou devrait l’être !

Les « communautés », le développement « communautaire » : fort bien, mais leur dirait-on que dans les sociétés segmentaires (sans « Etat » traditionnel, ancien) il n’ y a ni communautés ni lignages, soit de manière très générale une bonne moitié des peuples de la planète et que la segmentarité régule les rapports locaux, le monde humanitaire n’en a cure et ne veut pas le savoir : des volumes encore sur la segmentarité touareg, par exemple, existent…

Ici peut être faudrait il introduire le concept de « résistance sociétale » à l’humanitaire : d’une part parce que régulièrement des « projets » mal conçus car ignorants des structures sociales échouent et se perdent dans les sables, d’autre part -et c’est plus positif- parce que des « savoirs cachés » y compris dans les ONG permettent des formes de contestation, et parfois de reformulation de l’action humanitaire.

Ainsi des « ménages » et des « enquêtes ménages » : il est difficile d’enquêter sérieusement sur une réalité sociale qui n’existe pas …- et au delà des équivoques humanitaires, ce constat est valable pour le monde du développement, interroge aussi économistes, et agronomes, et explique leurs échecs récurrents. Tous les anthropologues travaillant en milieu paysan (des « ménages » isolés et se retrouvent bien en ville, de manière minoritaire, parmi d autres formes d’organisation familiale qu’on ne peut cadrer a priori) sont d’accord sur le fait que de « grandes familles », ou lignages, sont le plus souvent le cadre pertinent pour le foncier, la culture (mais pas forcément la préparation et la consommation des aliments). Pour avoir passé plus de deux heures à répertorier les liens de parenté d’un lignage de 200 personnes environ dans un village de l’Est de la Sierra Leone, je pourrais témoigner de la complexité d’enquêtes représentatives…

Lors d’une brève étude d’il y a deux mois à Bamako, j’ai constaté un cas concret de résistance aux normes humanitaires dans une grande ONG occidentale dont une « missionnaire » européenne venant inculquer son pseudo- savoir sur les « enquêtes ménages » : les cadres locaux, lui exposant le raisonnement ci-dessus, lui ont enseigné les réalités sociologiques maliennes ! Je manque de recul pour savoir si les « enquêtes ménages » ont été abandonnées ou adaptées – et si l’intervenante a des chances de modifier ses théories et pratiques…

Ce qui ne se dit pas : guerre, interventions militaires,
castes, ethnies, religion et classes sociales…

Bien sûr tout humanitaire de terrain sait qu’il est là pour être, quelque part, la « main gauche de l’ Empire» [4], d’une ènieme intervention militaire française ; que les combattants djihadistes menaçaient Bamako, où règne dans l’ombre un putschiste, le Capitaine Sanogo ; qu’un islam pur et dur, charia comprise, séduit des foules qui se pressent dans les mosquées wahhabites de la capitale(séduction due en grande partie à l’échec du modèle occidental, développeurs et humanitaires inclus, qui transfèrent le débat politique dans le religieux, l’aide sociale aux associations islamistes humanitaires) ; que le personnel malien au quotidien ne parle, comme cadre social d’identification, que de « Peul » et « Bambara » – et des autres peuples… haïssant les Touaregs, qui le leur rendent bien. Qu’hors de ces peuples ou de ces ethnies, il y a bel et bien des classes sociales – et notamment des dominants instrumentalisant une corruption envahissant tout l’espace social, y compris humanitaire.

Alors pourquoi le rapport d’Oxfam n’en parle t il pas- y compris tous les rapports des ONG, UN et ambassades ? La réponse est à la fois simple et complexe : les humanitaires n’ont pas de formation de départ – comme les coopérants et les onusiens ; moins instruits des réalités locales que les administrateurs coloniaux de l’EFOM d’antan (l’école de la France d’Outremer), ils se convainquent (mal, dans la double pensée et la mauvaise foi) que ces savoirs sont inutiles, parce qu’on vit dans un monde contemporain rationnel, ou tout cela n’existe plus, ou est sans importance quant au but humanitaire.

On a donc un savoir « sauvage » blanc, non référencé, qui d’ailleurs fait pendant au savoir fantasmé des nationaux sur les Blancs et leurs étranges projets. Ce savoir spontané des humanitaires semble le non dit de l’action : et pourtant on en parle tout le temps : à la pause, au restaurant, en guest house, et au mieux avec le personnel subalterne, ami(e)s locales ou collègues – pour ceux qui osent ou peuvent rompre le « cercle invisible » de l’origine, du sexe ou du milieu professionnel.

Car ces paroles et discours s’originent justement d’ une épistèmê, d’un système de connaissance -ainsi un discours humanitaire – conforme à la fois ce qu’il faut dire ou ne pas dire ; « Soyons sérieux ! », me disait un fonctionnaire hollandais de la CEE, au début des années 90, quand je lui rapportais que dans les bas- fonds rizicoles baoulé (Cote d’Ivoire), les Aînés se servaient , entre autres, de l’arsenal de la sorcellerie pour décourager les cadets sociaux de s’installer – d’où des conflits et des échecs récurrents de la « motorisation du paysan riziculteur ». Car vrai ou pas : « cela ne se dit pas » et le « lissage » des rapports l’empêche encore plus de l’écrire.

Le coeur de ce « non savoir », de ce savoir malgré tout partagé mais dénié est sans doute celui qui se rapporte à l’ethnicité. Car au delà de l’ignorance totale ou – comme le diraient les analystes d’une « bagatellisation » de l’ethnicité, les faux savoirs sont les pires ; comme les militaires  on reprend ainsi , en milieu humanitaire, une vision très XIX ème siècle d’ethnies rigides, closes et figées, assignables à un territoire ; alors que l’anthropologie contemporaine montre qu’au contraire « les ethnies ont une histoire », des passages, des migrations et transformations possibles (entre Peulh et Bambara par exemple[5]), et que notamment(pierre dans le jardin des anthropologues au profit des polémologues…) les jeux des ethnies, des identités et des espaces ( les dynamiques de l’ethnicité) se réorganisent de manière accélérée en temps de guerre.

Des mots-valises aux liens avec les sociétés civiles :
Inculturation et pratiques documentées

Pour autant, une réflexion critique sur l’épistèmê humanitaire (cette connaissance approximative des terrains qui conforme ce que l’on dit et ce que l’on ne peut dire) ne veut pas dire que l ‘on jette le bébé avec l’eau du bain ; les savoirs et les pratiques des humanitaires sont bien évidemment perfectibles et on peut même déceler une tendance vers l’inculturation de l’action humanitaire – qui par ailleurs deviendra une obligation, ne serait ce qu’en terme d’acceptance.

A mon sens, les dérives analysées plus haut viennent principalement d’une « fausse professionnalisation », provoquée par des formations technicisantes et ignorant les sciences humaines. Ce modèle dominant est en voie d’échouer, même s’il ne le sait pas encore ; une des causes profondes de l’immense gaspillage de temps, d’énergie humaine, et de crédits ( sans parler du drame humain du détournement humanitaire de dons , souvent modestes, de personnes qui ont droit à d’autre comportements) est ce que l’ethnopsychiatre Deverreux nomme le processus qui va « de l ‘angoisse à la méthode»( et se défendre de l ‘angoisse de l’Autre par la distance et par une hypertrophie de la technique et de la rationalité), le développement de procès toujours plus occidentaux et quantitatifs, d’illustrations technologiques de la domination (informatiques, liaison satellites, équipage et véhicules..) à cent lieues du vécu des « bénéficiaires » – habitus scandaleux qui va, par exemple en Haïti, jusqu’à illustrer des révoltes populaires (« brûlez les 4X4 des humanitaires » !).

Soit le terme passe partout illustrant, au Sahel comme ailleurs, le « Maître -mot » (c’est le cas de le dire et de l’écrire…) du monde humanitaire : « Résilience ». Issu du monde psychiatrique – cf les remarquables travaux de Boris Cyrulnik -, il fait l’unanimité.
Aider les plus pauvres, les communautés « à résister » aux sècheresses, famines, crises… Comment ne pas être d’accord avec ce vocabulaire et ces nobles objectifs (malgré cet unanimisme humanisant et ce prêchi prêcha cryptochrétien…) ? Mais qui sont ils et que font-ils ? Il y a des siècles que les sahéliens résistent aux crises, se reconstruisent après des famines : ils ont même des stratégies paysannes pour le faire – à part que le monde humanitaire ne les connaît pas !

J’ai pu en faire la constatation en invitant un sociologue expérimenté, le professeur Boureïma Alpha Gado de l’université de Niamey, à faire une grande conférence sur ce thème dans un forum humanitaire à Paris, en 2013. Après 30 ans de publication et de recherches de terrain, il sait et expose quelles catégories sociales réagissent de telle et telle manière en cas de tel événement (ainsi sécheresse, famine, épizootie). Par exemple en décapitalisant, en envoyant les hommes pour des migrations temporaires de travail vers d’autres provinces, ou vers la Côte, les enfants chez des proches dans la capitale. Tous ces mouvements sociétaux et microactions que les ONG ne connaissent ni ne maîtrisent[7].

A titre d’exemple, piègés par « l’évidence géographique » du village, les ONG se basent sur des « communautés » illusoires, alors que les « cadres » et souvent « associations de ressortissants » dans la capitale ou en France (à Montreuil, mais pas uniquement..) dans le cas du Mali, sont des membres actifs d’une communauté délocalisée. A l’inverse, j’ai vu des banques coopératives françaises en Guinée réussir des crédits urbains sans savoir que leurs groupes de prêts s’ appuyaient sur des groupe sociaux déjà constitués, comme les « grin » maliens , ou les associations informelles villageoises. Cas rare de succès, les échecs des actions étant bien plus nombreux, expliqués par une profonde méconnaissance des structures « communautaires ».

Les écrits du professeur Gado sont sur Internet[8] – mais ces recherches de documentation, directement utiles à l’action humanitaire, nécessitent un savoir préalable du champ de savoir. A titre d’expérimentation, on a pu réunir en moins d’une heure une documentation Internet sur les structures sociales des Gourmantché du Burkina, ainsi que, pour le même peuple, des articles plus pointus sur les relations mère/enfant, l’enfant maudit dénutri ( parce que suspecté de sorcellerie), ou encore sur l’alimentation des enfants – toutes choses fort intéressantes pour une ONG qui s’occupe de malnutrition infantile.

Il y a donc bien autant des « savoirs cachés » dans les ONG sur le terrain que bien évidemment des savoirs nationaux sur tout ce dont parle, ou ignore, le « tout petit monde » – bien que mondialisé – humanitaire. On pourrait donc être optimiste quant à une « inculturation » progressive de l’action humanitaire, un lien avec les sociétés civiles et les cultures locales – s’il ne s’agissait, en un sens, de réformer profondément l’habitus et la praxis, notamment le rapport à l’Autre de l’Action Humanitaire.

Pourtant, réforme des formations initiales, actualisation avant le départ sur le terrain, liens organisés avec les intellectuels nationaux pour décrypter le contexte sociétal pourraient constituer le début d’une réforme de l’action humanitaire, certes imparfaite et ambiguë mais néanmoins , d’après les expériences déjà menées, encourageante à terme. L’illusion humanitaire sur les sociétés – faux savoirs ou non savoirs n’est pas une fatalité. Un décentrement, un détour, seront peut être bientôt nécessaires pour être acceptés-  au risque du métissage et de la remise en question collective, et encore plus personnelle.


[1] Oxfam,Quelles leçons tirer ? Un bilan de la réponse à la crise alimentaire 2012 au Sahel pour construire la résilience ; Avril 2013 .

[2] Elise Ford, avec d’autres contributeurs, et membres d’ONG- expert humanitaire de bon niveau, que je ne connais pas et dont je prends la prose comme exemple de ce qui se dit et ne se dit pas dans ce type de rapports, et de registre de discours.
[3] A commencer, pour les africanistes débutant, par l’incontournable « l’Etat en Afrique » de J.F. Bayart, de 1989, et toujours actuel.
[4] Selon le titre fameux d’Agier, inspiré d’un remarquable ouvrage d’Ursula le Guin : « La main gauche de l’Empire », revue Multitudes, janvier 2003(en ligne).
[5] Cf notamment pour le Mali les analyses de JL. Amselle dans les ouvrages collectifs : « Au coeur de l’ethnie » et « les ethnies ont une histoire »
[6] DEVERREUX Georges, De l’angoisse de la méthode dans les sciences du comportement. – Paris : Flammarion.1980
[7] Mais apprécient à l’occasion : cette conférence était une grande première, d’un intellectuel africain apprenant l’Afrique à des humanitaires, africanistes de terrain.
[8] cf par exemple : Histoire des crises alimentaires au Sahel: Cas du Niger -, Niamey, 2006(en ligne)