Egypte : Les médias sociaux à l’aide des habitants des bidonvilles

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Il y a quelques mois, Mahmoud Salem, 30 ans, s’installait devant son ordinateur portable pour rejoindre des forums de discussion en ligne et participer au mouvement visant à renverser l’ancien président Hosni Moubarak.

Aujourd’hui, M. Moubarak a quitté le pouvoir et M. Salem, toujours installé devant son ordinateur, s’est engagé dans une nouvelle forme d’activisme. « Je me suis toujours préoccupé de la dimension politique de la révolution égyptienne. Mais aujourd’hui, je m’intéresse davantage à l’aspect humanitaire », a dit M. Salem à IRIN.

Comme 19 autres blogueurs de premier plan en Égypte, M. Salem essaye d’exploiter les médias sociaux pour ce qu’il considère être un changement positif. Le 26 juillet, le groupe a lancé ce que l’on pense être la première campagne de financement organisée sur Twitter en Égypte dans le but de venir en aide aux habitants des bidonvilles. Le premier objectif de l’initiative Tweetback était de collecter l’équivalent de 336 700 dollars afin d’améliorer les conditions de vie des habitants d’un des pires bidonvilles du Caire, Ezbet Khairallah ; 218 855 dollars ont pu être collectés en dix jours, ce qui témoigne du rôle positif joué par les médias sociaux dans la réduction de la pauvreté.

« La première fois que je me suis rendu dans ce bidonville, j’ai expliqué aux habitants qu’il était important de participer à la vie politique, mais j’ai vite compris que ces personnes avaient besoin d’autre chose », a dit M. Salem. L’Égypte compte des centaines de bidonvilles, dont 240 bidonvilles « dangereux », selon l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS), une institution gérée par le gouvernement. Le bidonville d’Ezbet Khairalah (également connu sous le nom d’Istable Antar), situé au sud du Caire, est l’un des bidonvilles les plus importants (environ 12 km2) avec ses quelque 650 000 résidants, selon les chiffres de l’Organisation non gouvernement (ONG) locale Peace and Plenty.

Lorsque Rania Helmy, experte en relations publiques et partenaire de l’initiative Tweetback âgée de 32 ans, s’est rendue dans ce bidonville il y a plus de six ans, elle a été obligée de porter des bottes. « Il fallait marcher dans les eaux usées et la saleté », a dit Mme Helmy, ajoutant : « J’ai rencontré des gens qui avaient vendu un organe, et j’ai vu des logements très exigus et insalubres ». En 2009, le gouvernement a tenté de reloger des dizaines de familles de ce bidonville dans des habitations plus sûres, aux abords de la capitale, mais lorsque les familles sont arrivées sur place, elles ont constaté que ces habitations se trouvaient dans le désert et qu’elles n’auraient aucun moyen de gagner leur vie.

De meilleures routes

L’initiative Tweetback n’a pas pour objectif de reloger les habitants des bidonvilles, mais d’améliorer l’état des routes. L’ONG Peace and Plenty, qui est partenaire de l’initiative Tweetback, sait que l’argent collecté ne sera pas suffisant, mais son responsable, Niven Elibrashy, est décidée : « Ces routes sont vitales et leur amélioration aura un impact positif sur la vie de tous les habitants du bidonville ». Il y a quelques années, lorsque Mme Elibrashy a rencontré le ministre de la Santé de l’époque et lui a demandé d’établir une clinique dans le bidonville, le ministre lui a demandé comment les docteurs feraient pour s’y rendre. Le manque de routes goudronnées a également entravé l’accès des ambulances et des pompiers, et les parents n’avaient pas envie d’envoyer leurs enfants à l’école, car les rues n’étaient pas sûres ; les habitants avaient des difficultés à se rendre à leur travail, selon Mme Elibrashy.

« Cela veut dire que si nous construisons les routes nécessaires, nous améliorerons l’éducation et la santé, et nous réduirons la pauvreté », a dit Mme Elibrashy. « Tout le monde commence à comprendre l’importance des médias sociaux, qui ont un effet sur l’introduction des changements », a dit Mme Helmy. « Nous devons mobiliser la population afin que le pays se développe. Les habitants des bidonvilles ont vraiment besoin d’aide ».

 

ae/cb-mg/amz / IRIN

 

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