Un nouveau rapport analysant l’intervention humanitaire qui a suivi le passage du cyclone Pam accuse une fois de plus les agences d’aide humanitaire internationales de n’avoir pas su coordonner efficacement leur action avec les acteurs locaux et nationaux.
Intitulé One size doesn’t fit all, ce rapport produit par CARE, World Vision, Oxfam Australie et Save the Children Australie rapporte la manière dont nombre d’ONG internationales ont afflué au Vanuatu au lendemain du cyclone, « pour beaucoup sans liens établis et sans la moindre connaissance des institutions et acteurs locaux ». Le rapport, qui reconnaît « de nombreux aspects positifs » à l’intervention ayant fait suite au cyclone Pam – notamment la capacité des Vanuatais à reconstruire rapidement leurs logements et celle des autorités gouvernementales à travailler jour et nuit pour faire avancer les choses en dépit de contraintes logistiques considérables –, souligne toutefois un certain nombre de problèmes.
Au nombre des questions abordées figurent celle de la préparation des communautés pour mitiger l’impact d’une catastrophe naturelle de grande ampleur et celle de la pertinence de l’afflux d’agences internationales et de systèmes de réponse humanitaire, ainsi qu’une réflexion sur la manière de mieux adapter la réponse internationale afin d’appuyer les acteurs nationaux sans les submerger ou les écarter.
Tout cela donne un sentiment de déjà vu, et pour cause.
Pas un mois ne passe sans qu’un nouveau rapport ou qu’une manifestation n’en appelle à une meilleure coordination entre acteurs locaux, nationaux et internationaux dans les interventions post-catastrophes, à un renforcement de la résilience des communautés et à davantage d’investissements pour lutter contre le changement climatique.
Dans les jours qui ont suivi le cyclone Pam, le gouvernement vanuatais s’est en effet plaint de la façon dont les organisations d’aide humanitaire internationales avaient compliqué la réponse en ne coordonnant pas leurs actions avec les équipes locales.
« Le problème c’est que tout le monde est en quête de visibilité… tout le monde veut apposer sa marque », a dit un fonctionnaire. Christina Bennett, qui travaille comme attachée de recherche auprès du Groupe de politique humanitaire (Humanitarian Policy Group, HPG) de l’Institut de développement d’outre-mer (Overseas Development Institute, ODI), a dit à IRIN : « Ces mêmes plaintes reviennent encore et toujours, mais le comportement des organisations d’aide internationales reste inchangé ». Et d’ajouter : « Combien de temps va-t-on encore en discuter sans opérer de réel changement ? ».
Le rapport One size doesn’t fit all a été publié en tant que contribution à la consultation régionale Pacifique du Sommet humanitaire mondial, qui s’est tenue cette semaine en Nouvelle-Zélande. Ces derniers jours, les puissants du monde de l’humanitaire ont tweeté tout un tas de maximes positives avec le hastag #ReShapeAid sur leur résolution à mieux écouter les communautés, à localiser l’aide et à tirer des enseignements.
Un discours avec lequel on ne peut qu’être d’accord, mais qui appelle une question : quand passera-t-on de la parole aux actes ?
Irin
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