Présidentielles 2017, un scrutin peu ordinaire

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debat macron lepenDimanche, on vote! Il faut bien en convenir, ce n’est pas un scrutin tout à fait ordinaire … Selon le résultat, espéré par les uns, craint par d’autres, la face de notre pays pourrait s’en trouver changée.

D’aucuns préconisent un vote explicite en faveur de tel candidat, d’autres déclarent qu’il n’iront pas voter, d’autres enfin disent qu’ils voteront « blanc » ou « nul ».

J’ai voulu, pour ma part, prendre appui sur mon expérience concrète, sur mon vécu et, donc, voir le problème d’une manière très pragmatique.

Et j’arrive, assez naturellement, à la conclusion ci-dessous … Jusqu’au jour du vote, je peux en changer – même si c’est peu probable – car, il faut le dire et le redire, ce scrutin est tout sauf banal.

Avec mes presque cinquante années de militantisme diversifié mais surtout syndical, j’ai eu largement le temps de me rendre compte à quel point, dans les entreprises, les employeurs sont souvent désireux de contrer l’action des syndicats. On finirait par croire qu’ils y prennent du plaisir …

Alors quand je lis, dans la Presse, que le candidat Macron veut réformer le Code du travail par voie d’ordonnances, je sursaute!
Tout le monde a en effet compris que ces « ordonnances » ne présagent rien de bon.

S’agit-il de fixer la durée légale du temps de travail à 6 heures par jour? Non, bien sûr!
S’agit-il de fixer l’âge de la retraite à 60 ans? Non, bien sûr!
S’agit-il de fixer l’indemnité légale de licenciement à un mois de salaire par année d’ancienneté? Non, bien sûr!
S’agit-il de supprimer purement et simplement les contrats à durée déterminée? Non, bien sûr!
S’agit-il de permettre à chaque salarié de refuser d’effectuer des heures supplémentaires? Non, bien sûr!

Je m’arrête là car la liste est longue, très longue, trop longue …

La « logique » des ordonnances …

Le Code du Travail, comme la plupart des Codes de la République (il y en a, aux dernières nouvelles, soixante sept qui font, chacun, entre cinq et dix cm d’épaisseur!), se présente en deux parties. Tout d’abord les articles issus du vote d’une loi. Ils sont répertoriés « L » suivi d’un numéro qui compte, parfois, jusqu’à 8, 9 ou 10 chiffres … Vient ensuite une seconde partie dont les articles sont répertoriés « R » car issus d’une réglementation adoptée en Conseil des Ministres (ou par un Ministre ( généralement le Ministre du Travail) mais c’est assez rare …).
Le processus normal d’élaboration de la loi est – faut-il s’en réjouir ou faut-il s’en plaindre? – assez long : pas moins de huit mois si la procédure d’urgence est demandée (une seule « lecture » devant chacune des deux chambres) et si le projet de nouvelle loi passe « comme une lettre à la Poste » … le plus souvent 18 mois si on y intègre le temps de préparation du texte, la nécessaire consultation des « partenaires sociaux », les deux discussions dans chacune des deux chambres du Parlement ( l’Assemblée Nationale et le Sénat), l’inévitable et désormais rituel recours devant le Conseil Constitutionnel puis la promulgation par le Président de la République. Ouf! Ou plutôt non … car ce n’est pas fini! Il faut ensuite prendre les décrets d’application … Encore de nombreux mois de « préparation » qui deviennent nécessaires!
Tout cela plaide pour des réformes par « ordonnances » … C’est, du moins, ce que l’on est tenté de croire.
Halte-là! Ce n’est pas obligatoirement la forme qui est en cause … C’est le fond! C’est le « contenu » … Léon Blum, Président du Conseil du Gouvernement de Front Populaire en Juin 1936 a fait « passer » la plupart des réformes par la voie des « décrets-lois », formule qui ressemble beaucoup aux « ordonnances » dont le dispositif remonte à la Constitution de la Cinquième République adoptée en Octobre 1958.

Aussi, quand j’entends un candidat à la Présidence de la République annoncer qu’il procédera à la réforme du Code du Travail par voie d’ordonnances, quelque chose en moi me dit « Attention! Méfiance! Grande méfiance! » car il souffle sur cette partie de la planète qu’on appelle France, à l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays « occidentaux » (Avez-vous remarqué que le Japon est un pays « occidental »? Ce n’est pas en regardant un planisphère que vous allez vous en rendre compte! Sauf bien sûr si vous retournez toute la carte, auquel cas il faudra assimiler les Etats Unis à un … pays de l’Est! Je vous souhaite bien du plaisir …), un vent mauvais … Mauvais pour ceux et celles qui n’ont que leurs bras et leurs cerveaux pour vivre!

Monsieur Macron n’a peur de rien! Il annonce, il annonce … Il oublie juste une chose : pour gouverner par ordonnances, il faut que le Parlement habilite le Gouvernement … Je dis bien le Gouvernement, pas le Président! Il faut ensuite que le même Parlement valide, par un vote, le texte de chaque ordonnance afin d’acter la conformité de celles-ci avec l’habilitation préalablement accordée … Il est si jeune, Monsieur Macron! Il va découvrir les délices de la gouvernance et d’aucuns sauront lui rappeler qu’ils ont le cuir tanné pour avoir bourlingué et traversé les tempêtes. Il va commencer par devoir prendre acte de la composition de l’Assemblée Nationale .. Rien ne dit qu’il disposera d’une majorité conforme à ses voeux!

Pour les jours qui viennent, il faut se fixer une ligne de conduite quant au vote qu’il faudra émettre Dimanche 7 Mai …

Plusieurs possibilités s’offrent à chacun et chacune …
Pour les uns, les unes qui ont tant souffert et qui n’en peuvent plus de subir des difficultés de tous ordres, ils et elles choisiront « l’autre », celle qu’ici je ne veux point nommer. Je comprends ce geste de quasi-désespoir mais, cependant, IL EST, EN CE QUI ME CONCERNE, EXCLU QUE JE M’Y ASSOCIE … Partout, toujours, dans tous les pays du monde où, dans un moment de folie collective, le Peuple a laissé ces gens-là accéder au pouvoir d’Etat, partout, toujours, dans tous les pays du monde, ça c’est mal terminé … pour ceux et celles qui y avaient – hélas pour eux! – mis leurs derniers espoirs.
Pour d’autres, il s’agira de « moderniser la France ». C’est pour cela qu’ils ont choisi, en toute bonne foi, Monsieur Macron dès le premier tour. Ils n’ont aucune raison de changer leur vote entre les deux tours … Le réveil risque d’être assez rude!
Pour d’autres, il s’agira de faire barrage à « l’autre », celle que l’on ne nomme pas … et donc de voter Macron. On peut les comprendre … sans être obligé de les approuver!
Il y a ceux et celles, enfin, qui ne pouvant envisager de donner un blanc seing à un trop jeune Président qui est loin, très loin d’avoir suffisamment blanchi sous le harnais, choisirons de ne pas choisir entre ces deux options … JE SUIS DE CEUX-LA. Peu importe qu’il faille hésiter entre une abstention pure et simple (auquel cas on saura que vous n’avez pas choisi …), un vote nul ou un vote blanc (nul autre que vous ne saura pour qui, en conscience et après mûre réflexion, vous avez voté car nul ne peut vous obliger à révéler le sens de votre vote) …
Dimanche 7 Mai, dès 20 Heures, chacun saura que Monsieur Macron est élu Président de la République Française car l’avance que les premières estimations révèleront sera telle qu’aucun doute ne sera permis quant aux résultats du scrutin.
Le seul commentaire qui viendra par la suite sera : « Avec combien de millions de voix? ». 15 millions? Seulement? C’est possible … mais très peu probable! 30 millions? Tant que ça? C’est possible … mais très peu probable! Selon le nombre de voix que Monsieur Macron aura obtenu, il sera très bien, bien, mal ou très mal élu … Par conviction, je souhaite qu’il soit, au mieux, mal élu … Et je ne pleurerais pas si je devais constater qu’il aura, finalement, été très mal élu …
En tout état de cause, si des informations fiables me conduisaient à penser que « l’autre », celle que l’on ne nomme pas, avait une chance de l’emporter, alors, à coup sûr, in extremis, je modifierai mon vote pour rejoindre la cohorte de ceux et celles qui, en conscience, ont choisi de « faire barrage » … Pour l’heure, cette hypothèse n’a aucun fondement. C’est mon intime conviction.

Jacques Heurtault

Jacques Heurtault

Jacques Heurtault est un ancien militant du Parti Communiste Français, ancien responsable local (Rennes) de l’UNEF et ancien responsable national de la CGT.

Jacques Heurtault

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