Ramadan : la haute saison de la solidarité musulmane

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Djamel Misraoui évoque dans cet article le mois de Ramadan qui demeure la haute saison de  la solidarité musulmane pour promouvoir  la  justice sociale, l’équité et la fraternité et contribuer aussi à la lutte contre la misère et la pauvreté.

Le mois de Ramadan est le 9ème mois du calendrier musulman. Ce mois marque le début de la révélation du Coran faite au Prophète Mohammed. Aussi, le Ramadan est le mois du jeûne par excellence. Le jeûne du mois de Ramadan est l’une des obligations rituelles de l’islam et également, l’un des cinq piliers de la religion musulmane. Mois de spiritualité et de solidarité, chaque année, plus d’un milliard de musulmans célèbrent cet évènement dans la joie et le partage.

Le vrai sens de l’entraide et de la solidarité

La privation volontaire de nourriture rappelle la faim, la souffrance et la pauvreté dans le monde. De Tanger à Jakarta et de Nouakchott à Kaboul, les musulmans retrouvent au quotidien le vrai sens des valeurs universelles, celles de l’humanité, du respect et de l’entraide afin de renforcer les liens sociaux. En jeûnant, les riches comprennent ce que les plus démunis vivent au quotidien, et ces derniers profitent de la générosité ambiante pour manger convenablement pendant ce mois-ci. Parmi les activités sociales les plus répandues, on peut citer les opérations d’aide alimentaire pour aider les plus démunis à rompre leur jeûne, en distribuant des colis alimentaires ou en offrant des repas chauds. Ces opérations sont organisées, souvent, par des associations, des collectifs ou tout simplement des familles.

Il a été rapporté que le prophète Mohammed a dit : «La meilleure des aumônes est celle accomplie durant le mois de Ramadan».

Le Ramadan s’achève sur une fête religieuse qui est «l’Aïd El-Fitr»où les musulmans sont invités à s’acquitter de «l’aumône de rupture du jeûne» appelée «Zakat El Fitr». Cette Zakat de rupture de jeûne est un acte de purification pour celui qui a observé l’abstinence, et acte de sustentation pour le pauvre. Ce droit pour l’un ou devoir pour l’autre doit être acquitté avant l’accomplissement de la prière de la fête de l’Aïd.

Les ONG musulmanes se mobilisent

L’indicateur du développement humain (IDH) du PNUD place les pays musulmans parmi les pays les plus pauvres dans le monde. Les guerres, les conflits, les catastrophes naturelles, la crise financière et la flambée des prix des denrées alimentaires ont eu un impact direct sur la situation de la faim dans le monde. Le dernier rapport de la FAO, publié en juin dernier, précise que pour la première fois le cap historique du milliard de personnes souffrant de la faim a été franchi en 2009… soit un sixième de la population mondiale, ce qui rend la tache plus difficile pour atteindre le premier objectif des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD); celui qui vise à réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de la population qui vit avec moins d’un dollar par jour.

Pour faire face à cette situation, depuis trois décennies, les ONG humanitaires occidentales de confession musulmane se mobilisent et lancent des campagnes d’aide alimentaire, durant cette période, afin de sensibiliser leurs donateurs pour trouver des fonds à ses différents programmes. Les ONG de confession musulmane puisent leurs argumentaires dans les fondements religieux de la solidarité musulmane, car l’islam est l’unique religion révélée à avoir institutionnalisé les principes de la solidarité.

En général, leur mission englobe les secours d’urgence aux victimes des conflits et des catastrophes naturelles; les projets de développement et d’accompagnement à long terme dans les domaines de l’éducation, de la formation professionnelle, de la santé, de la nutrition, de l’accès à l’eau potable et des activités génératrices de revenues ainsi que de la mise en place de programmes saisonniers d’aide alimentaire.

Les fondements de l’humanitaire musulman

L’islam propose des bases dans la construction harmonieuse de la sociabilité  qui sont la paix, la justice et le respect de chacun sans discrimination de race, de sexe ou de religion. Il nous montre, également, le devoir de solidarité envers les défavorisés et pose les fondements d’une société qui ne doit pas être dominée par la recherche du profit à tout prix.

L’Aumône

L’aumône, qu’elle soit obligatoire ou facultative, est une institution fondamentale de la solidarité. Il est important de préciser que les textes coraniques et prophétiques n’excluent pas les non musulmans de l’aide humanitaire. Si un musulman (malade, femme enceinte, voyageur..) est dans l’incapacité de jeûner pendant le mois de Ramadan, il lui est demandé de nourrir chaque jour un pauvre. Ainsi le rite du jeûne peut être remplacé par le rite de l’aumône. En d’autres termes, l’acte social (l’aumône) équivaut et remplace en même temps l’acte spirituel (le jeûne du Ramadan).

La Zakat

Troisième pilier de l’islam, la Zakat joue le rôle de répartiteur de richesses : prendre à ceux qui en ont le plus pour donner à ceux qui en ont le moins. Elle est un droit du pauvre sur le riche. La Zakat étant un droit financier imposé par Dieu, tout musulman qui le doit, est tenu de verser au profit des nécessiteux. Les biens imposables sont : l’or et l’argent, les métaux et trésors, le bétail, les marchandises, les plantes et les fruits. La règle de base est qu’un seuil minimal de richesse, appelé le «Nissab», au-delà de laquelle l’acquittement de la Zakat est obligatoire. Elle correspond à l’équivalent de 85g d’or, soit actuellement 1700 € environ. Le taux de la Zakat est de 2,5% de l’argent. Donc, seules sont concernées les personnes possédant 1 700 €, ou plus, d’économies dans l’année (en moyenne sur l’ensemble de l’année) après avoir payé leurs charges et leurs dettes et de ce fait, elles sont considérées comme assez riches pour payer la Zakat.

Le Waqf

Le Waqf qui signifie étymologiquement «l’emprisonnement d’un bien légué dans le but de l’exploiter à des fins autres que son propre usage», est l’immobilisation d’un bien pour le faire fructifier et en donner le bénéfice aux pauvres. En d’autres termes, le Waqf est aussi appelée «aumône continue» dont les récompenses, l’utilité et les effets qui en découlent augmentent durant la vie du donateur et continuent après sa mort; ses bénéfices étant distribués chaque année (fonds de roulement).  Les ONG musulmanes développent le Waqf pour assurer la pérennisation de leurs programmes humanitaires.