« Transformer l’assistance humanitaire : un impératif moral pour l’humanité »

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Début 2016, 125 millions de personnes, réparties dans 37 pays, avaient besoin d’aide humanitaire. Il y a aujourd’hui plus de gens déplacés qu’il n’y en a eu pendant les 70 dernières années. Cela représente près de deux fois la population française.

Qu’elles soient naturelles ou causées par l’homme, les catastrophes détruisent la vie de millions de personnes provoquant un nombre considérable de réfugiés et de personnes déplacées. Il est probable que ces désastres ne diminuent pas mais qu’ils deviennent, au contraire, plus fréquents, plus complexes et plus intenses.

Le coût des conflits sur l’économie mondiale est de 14.3 trillions de dollars par an, soit 13 % du PNB total. En 10 ans, le volume d’assistance humanitaire a augmenté de 600 %.

Nous assistons chaque jour aux conséquences désastreuses du changement climatique dans le monde. Face à ces défis, la résilience des communautés et des nations est mise à rude épreuve, ainsi que la force de la coopération régionale et internationale.

Pour le Secrétaire général des Nations Unies, le statu quo n’est pas une option. C’est pourquoi, pour la première fois en 70 ans d’histoire des Nations Unies, il a décidé l’organisation d’un Sommet mondial sur l’Action Humanitaire.

Du 23 au 24 mai, les dirigeants du monde entier vont se réunir à Istanbul pour prendre des engagements fermes afin de prévenir et résoudre les conflits, de réduire l’impact des crises à venir et d’assurer le financement nécessaire pour venir en aide aux victimes.

Le Secrétaire général a préparé, après trois ans de consultation avec tous les acteurs de l’humanitaire, un « Agenda pour l’Humanité », appelant les dirigeants du monde entier à défendre le genre humain et diminuer la détresse des peuples en souffrance.

À ce sommet, les représentants des gouvernements, du secteur privé, des organisations multilatérales, de la société civile, du milieu académique et des communautés affectées par les crises auront l’occasion d’annoncer leurs engagements pour mettre en place cet Agenda pour l’Humanité et lancer de nouvelles initiatives.

Se concentrant sur les cinq responsabilités fondamentales pour affronter les défis de notre temps décrites dans le récent rapport du Secrétaire général, « Une seule humanité, des responsabilités partagées », le Sommet mondial pour l’Action Humanitaire sera l’occasion unique de mettre en place une série de mesures qui feront le monde de demain et la manière dont ce monde répondra et se préparera aux crises humanitaires à venir.

Cela comprend des mesures qui vont de réduire les besoins humanitaires à celles qui doivent être mises en place pour réaffirmer et accepter pleinement le caractère primordial des principes humanitaires et du droit international humanitaire, fondements de la préservation de l’espace humanitaire ; les mesures pour venir en aide au déplacement de population, pour améliorer la préparation aux catastrophes naturelles et enfin réaffirmer l’importance de donner une voix aux femmes et aux jeunes dans leurs communautés.

Le Secrétaire général attend que ce Sommet soit une occasion unique pour transformer le monde humanitaire – un véritable tournant qui fasse date dans nos politiques pour un changement vers le meilleur.

Pour réussir, il est indispensable que tous les décideurs au plus haut niveau soient présents à ce moment historique y compris pour la France.

Même si c’est ambitieux, cela est possible. En 2015, les décideurs ont démontré, contrairement à toute attente, qu’ils pouvaient accepter des responsabilités partagées et agir résolument. En endossant le « Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes (2015-2030) » adopté le 18 mars 2015 ainsi l’Accord de Paris sur le Changement climatique, ils ont démontré que « l’Union fait la force ».

Ces progrès n’auraient pas été possibles sans le soutien et l’engagement des décideurs politiques. Aujourd’hui avec le prochain Sommet mondial pour l’Action Humanitaire, il est temps qu’on investisse sur ces progrès. Il nous faut encourager les participants au Sommet à venir à Istanbul avec leurs idées les plus innovantes et leurs plus fermes engagements pour construire un monde nouveau où chaque enfant, chaque femme et chaque homme auraient le droit de vivre et de prospérer et non juste de survivre.

Aujourd’hui, la complexité des défis transfrontières dépasse la capacité d’une seule institution ou d’un seul pays à trouver une solution. Il est important d’être ensemble et d’appréhender ces défis conjointement en se mettant du bon côté de l’histoire. Il est important de faire le choix de l’humanité et de la compassion plutôt que de la division et du désespoir. Il est important de montrer aux millions de gens qui vivent au milieu des conflits, à ceux qui sont victimes de catastrophes, la solidarité qu’ils sont en droit d’attendre et qu’ils méritent.

 

Hervé Verhoosel

Hervé Verhoosel

Herve Verhoosel est le porte-parole du Sommet humanitaire mondial organisé à l’initiative du Secretaire Général des Nations Unies M. Ban Ki-moon.