Pour les Etats Unis d’Afrique…

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Par Abel Goumba

Nous appelons de nos voeux, dans un délai raisonnable, la mise en place d’un gouvernement des États unis d’Afrique. Certes, les avis sont partagés, les discussions âpres, s’agissant avant tout d’une conviction et d’un combat… La tâche est d’autant plus difficile quand il existe plusieurs Afrique : francophone, anglophone, lusophone, hispanophone, avec leurs caractéristiques propres découlant des influences spécifiques des pays colonisateurs et des pressions de toutes sortes subies par les différents gouvernements.

 

En RCA, partisan de l’unité africaine et des États Unis d’Afrique, nous avons engagé la lutte pour un tel ensemble avec le regretté Barthélemy BOGANDA, un panafricaniste convaincu, hélas, trop tôt disparu. Nous avons très vite compris que l’homme seul est un être malheureux. A la suite de l’Organisation de l’Union Africaine (OUA) et de l’Unité Africaine (UA), la formation d’un gouvernement de l’Union africaine viserait le développement intégral du continent afin de le rendre apte à jouer un rôle digne de ses ressources, en vue de  contribuer à la stabilité, à la sécurité et à la paix dans le monde.

Fondements d’un gouvernement des États Unis d’Afrique

Ils sont de plusieurs ordres:

Historique : L’Afrique est le berceau de l’humanité et est à la base des civilisations modernes actuelles.

Politique : Elle a inventé « la palabre », système  de démocratie directe, complète, efficace.
 

Economique : Ses richesses naturelles dépassent largement la moitié des ressources du monde.

Social : L’organisation de sa société traditionnelle, à base d’humanisme et de solidarité constitue une véritable « sécurité sociale ».

Culturel : formé sur ses traditions et structures fonctionnelles ancestrales  humanistes adaptées au milieu environnant, l’homme africain possède une robustesse, une vitalité et une résistance qui font de lui un être équilibré et vivant en dépit d’un milieu défavorable et des vicissitudes de l’histoire .
Ces vicissitudes (déportations, traite négrière, esclavage, colonisation et neo colonisation) appartiennent aujourd’hui au passé.

Les solutions à envisager

Comme les autres pays, il importe que les Africains s’unissent, se gouvernent eux mêmes pleinement, en toute souveraineté afin d’améliorer les conditions d’existence de leurs peuples. Pour avoir des chances d’y parvenir il faut :

– Une véritable décolonisation mentale

– Un État de droit requerrant une bonne gouvernance, une bonne moralité , une bonne gestion  dans le respect des droits et des libertés fondamentales.

– Bannir autant que possible la « ventrologie » ou la politique du tube digestif.

– Un parlement africain, ouvrant la voie à la participation plus ou moins directe du peuple souverain.

– La promotion des langues africaines, susceptibles de déboucher sur une langue africaine commune.

– Des élections véritablement démocratiques et transparentes  reposant sur  le système des électeurs alignés derrière les candidats de leur choix, s’agissant des élections  municipales, villageoises et communales, et derrière leurs posters, s’agissant des élections législatives, régionales et présidentielles où les candidats ne sont pas présents.

Les avantages de ce système sont énormes:

– économiques : pas de dépenses de bulletins à déposer dans de nombreux bureaux de vote et nécessitent des transports ; pas de dépenses d’urnes et de leurs transports.

– pratique: les électeurs sont alignés dans des couloirs de 2m de haut  séparés les uns des autres par des branchages, nattes, pagnes etc. Un simple comptage des électeurs donne les résultats  qui sont proclamés sur place dans la transparence.

– d’ordre éthique : moralité complète et juste des élections.
Les résultats reflètent réellement la volonté du peuple ; et les dépenses sont  pratiquement nulles, les fraudes inexistantes. C’est non seulement le triomphe de la démocratie, souvent critiquée parce que mal appliquée, mais la satisfaction de la population et l’absence de troubles post- électoraux.

-Un contrôle rigoureux de l’application de la démocratie dans chaque État comportant une série de sanctions à infliger aux dirigeants prédateurs; incompétents et immoraux au profit de ceux qui servent leur pays en toute honnêteté, fidélité, et dévouement.

– La suppression de l’économie  de traite à laquelle il faut substituer la transformation sur place des matières premières.

– L’incorporation obligatoire, dans les budgets nationaux de l’argent généré par l’exploitation des ressources naturelles nationales ; pétrole ; pierres précieuses; etc.

– La possession d’une monnaie africaine, seule capable de promouvoir et d contrôler l’économie nationale.

– Le retour en Afrique des cadres africains de la diaspora formés à l’étranger, afin d’assurer les développements nationaux et la mise en valeur du continent par l’exploitation rationnelles des immenses richesses des pays respectifs et d’entretenir un commerce fructueux, des échanges réciproquement bénéfiques avec les autres pays.

– Enfin la constitution d’un gouvernement des États Unis d’Afrique pourra  permettre d’accomplir tout ce travail progressivement en raison d’innombrables contraintes surtout financières, ne serait ce que dans les domaines prioritaires utiles mais difficiles tels que:

– La santé, dans la lutte contre le SIDA, la fabrication des produits pharmaceutiques par l’exploitation et l’utilisation rationnelles des plantes médicinales africaines.

– La Défense, avec possibilité d’utilisation d’une main d’œuvre soldatesque à des tâches aussi bien militaires propres que de  développement économique et social.

– L’exploitation rationnelle des énergies renouvelables  comme les énergies éoliennes, solaires , le vent etc.

– L’exploitation, en cas de besoin, des ressources du sous sol , l’installation des usines métallurgiques pour des besoins de l’industrialisation, l’éducation, l’utilisation des matériaux locaux pour la construction des bâtiments de toutes sortes, des produits de consommation locale etc.

C’est la logique même: l’Afrique ayant été délivrée de la servitude, il lui reste à être délivrée de la misère qui l’humilie et de lui assurer un développement  conforme à ses potentialités, afin qu’elle joue le rôle réel qui lui sied dans le concert des nations.
L’humanité ne peut qu’en bénéficier.

Abel Goumba est décédé le lundi 11 mai 2009 au matin, à l’âge de 83 ans. Anti-colonial, démocrate, « l’homme aux mains propres » comme on l’appelait s’opposa longtemps aux différents régimes en place en Centrafrique. Il fut Premier ministre à deux reprises, Vice-président, puis Médiateur de la République. A cinq reprises, il fut candidat à la présidentielle. Ce qu’il détestait le plus : l’injustice et la misère. Abel Goumba, en avril, avait envoyé ce texte à Grotius.fr…

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La rédaction de Grotius International.

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