Pourquoi ce dossier Média et migrations internationales?

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La concertation publique sur l’identité nationale lancée par le gouvernement, après une série de dérapages et de controverses sur la place de l’Islam, a tourné à la stigmatisation des 5 à 6 millions de musulmans vivant en France. Des hommes et des femmes politiques de gauche comme de droite ont demandé que soit mis fin à ce débat. Quelle est la nature de ce débat d’ailleurs ? Interrogeons-nous… La définition de l’identité française se résumerait-elle au final à un échange politicien par médias interposés sur le port de la burqa ?

Ce dossier de Grotius.fr intitulé «Médias et migrations internationales» n’entend pas ajouter de la confusion à la confusion et à dire vrai, participer à ce déballage qui pourrait «flatter les bas instincts» et «faciliter les amalgames et les confusions» comme l’a affirmé l’ancien ministre et élu UMP (droite) François Baroin.

Le débat sur l’identité nationale est «noble» a rétorqué Nicolas Sarkozy le mercredi 16 décembre sur Canal+, voulant faire taire toutes les critiques, de droite et de gauche. Dans son propos le chef de l’Etat en a clairement tracé les frontières : la concertation publique se limite à l’immigration. Prenons acte de cette volonté de réduire ce «noble débat» à un thème où les idées reçues, les clichés, les arrières-pensées et une certaine ignorance dominent.

La programmation de ce dossier – précision importante de notre point de vue, a été faite début septembre, donc avant le lancement de ce «débat» sans fin, parce que mal engagé dès le départ. Mais il était difficile de ne pas en faire mention dans cet éditorial.

Notre but ici est de poser des repères à l’échelle internationale, de proposer des éclairages qui prennent la forme d’analyse ou d’entretien, de regarder ailleurs que «chez nous» en France, et de donner du sens à un enjeu qui dépasse les frontières européennes: les flux migratoires.

Nous évoquerons cette fragile typologie: migrants, réfugiés, déplacés etc., victimes d’un conflit, de la pauvreté, de l’oppression politique, d’une catastrophe naturelle, des changements climatiques… «La distinction entre réfugiés et déplacés est dépassée» affirme le haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres (« Le Monde », 16 décembre 2009).

Avec Catherine Wihtol de Wenden nous ferons un nécessaire – et salutaire, état des lieux des flux migratoires mondiaux. Avec Véronique Harouel-Bureloup nous analyserons ce qui constitue historiquement les fondements de l’Etat et de la nation. Les approches et pratiques médiatiques sont, notamment, au cœur des interventions de Pierre Henry, le Directeur général de France terre d’asile, de Léonard Vincent, journaliste et écrivain, de Nathalie Loubeyre, réalisatrice…

Nous remercions sincèrement les universitaires, chercheurs, journalistes – trop nombreux pour être cités ici, qui ont contribué à ce dossier. Dossier qui sera, exceptionnellement, sur deux éditions, celles de janvier et de février.

En février nous accueillerons, notamment, des contributions de l’Institut Panos Paris et de la Revue Hommes et Migrations.

Bonne lecture !

Jean-Jacques Louarn

Jean-Jacques Louarn

Jean-Jacques Louarn est journaliste à RFI.