Peut-on encore, aujourd’hui, en France, débattre sereinement du conflit israélo-palestinien ? Rien n’est moins sûr.
D’un côté, l’échec du processus d’Oslo, en 2000, et la radicalisation de la politique israélienne ont contribué depuis plus de dix ans à dégrader profondément l’image de l’État juif dans l’opinion française.
De l’autre, et en réaction, des intellectuels et des associations qui prétendent parler au nom de la communauté juive ont développé un discours incantatoire et coupé du réel, selon lequel toute critique de la politique israélienne équivaudrait à l’expression d’un sentiment « antisioniste », et donc peu ou prou… antisémite. Une radicalisation du débat qui ne pouvait qu’aboutir très vite à sa fermeture et à son étouffement.
Plus grave, cette disparition du débat a exacerbé les haines. Car l’outil de l’« intolérable chantage » à l’antisémitisme s’est substitué au fond du discours lui-même. À quoi est venue s’ajouter l’expression d’une parole raciste islamophobe étrangement décomplexée, ainsi que la réhabilitation d’une conception du monde raciale et néo-nationaliste que l’on croyait révolue.
Une évolution dont s’inquiétait déjà Guillaume Weill-Raynal dans son premier ouvrage, paru en 2005, et qui n’a fait que s’aggraver depuis, comme on le constatera à la lecture du présent ouvrage, recueil d’articles parus entre 2007 et 2012. Chronique d’un naufrage intellectuel annoncé.
Grotius International
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