Le Tadjikistan, terre de «développement» en mal de stabilisation

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Le gouvernement du Tadjikistan a accepté fin août de retirer ses troupes de la région montagneuse du Gorno-Badakhchan, dans l’est du pays, après un assaut militaire au cours duquel des dizaines de personnes ont été tuées en juillet dernier. Selon les derniers chiffres officiels, potentiellement sous-estimés, 17 soldats, 30 insurgés et au moins un civil auraient perdu la vie lors de cette attaque, qui n’a pas eu le moindre écho sur la scène internationale.

Le Tadjikistan, pays d’Asie centrale connu essentiellement parce qu’il est frontalier avec l’Afghanistan, fut cet été en proie à des troubles violents. Suite à la mort le 21 juillet dernier d’Abdullo Nazarov, chef de la sécurité  du KNB (version tadjike du KGB) de la région autonome du Gorno-Badakhshan (GBAO), situé dans les montagnes du Pamir, le gouvernement est intervenu dans la capitale de la province, Khorog. L’intervention a été justifiée par l’intention de capturer les suspects dans la mort de Nazarov. Il faut souligner que durant la guerre civile qui a durement frappé le pays entre 1992-1997, le GBAO était opposé au président actuel, Emmomali Rahmon.[1] Abdullo Nazarov, bien qu’à la tête de la sécurité de cette province, n’était cependant pas un « local » : il est originaire de la même région que celle du président et faisait donc figure d’étranger au Pamir. Et en tant que chef de la sécurité, il avait également affaire aux groupes mafieux qui agissent dans la région.

Parmi les suspects recherchés par le gouvernement, la figure de proue est le commandant Tolib Ayombekov, chef militaire et ancien leader de l’opposition durant la guerre civile. En échange de la paix, il avait obtenu un poste à Ishkashim, proche de la frontière afghane, lieu stratégique s’il en est : dans la région, le Tadjikistan constitue l’une des routes principales pour le trafic de drogue (souvent décrit au Tadjikistan par l’euphémisme « trafic de cigarettes », même si ce dernier existe aussi) et en particulier l’héroïne en provenance d’Afghanistan. On notera au passage que même si le commerce n’a pas de frontière, la langue tadjike est une langue très proche du dâri d’Afghanistan, toutes deux des langues persanes, et que par ailleurs, durant la guerre civile, de nombreux Afghans et Tadjiks ont traversé la frontière, soit pour aller se battre, soit pour se réfugier. Autant dire que la frontière dessinée par le Piandj est poreuse.

 Opération armée de grande ampleur

Les représentants du gouvernement auraient essayé à plusieurs reprises d’arrêter les suspects mais sans succès. Ces derniers ont répondu les armes à la main. Le gouvernement a donc décidé d’une « opération spéciale » à partir du 24 juillet à l’aide, selon certaines sources, de plus de 7000 soldats, d’hélicoptères et de chars. La population de Khorog n’en a pas été informée et les réseaux de communication ont été coupés (et l’étaient  encore en grande partie fin  août) : portables, téléphones fixes, internet. Les sites des journaux les plus populaires sont régulièrement bloqués, de même que youtube où les premières vidéos des combats sont apparues. Les touristes, relativement nombreux à cette époque de l’année ont été évacués grâce à certaines ONG (la Fondation Aga Khan et Operation Mercy principalement) et ambassades, et certaines frontières, fermées (sauf pour laisser sortir les touristes). Par ailleurs, le reste de la population n’est au courant des évènements que par les réseaux de connaissance ou la télévision russe : la télévision tadjike  n’a pas mentionné un mot sur cette opération, même si quelques informations ont filtré dans la presse écrite tadjike dite indépendante.

Au groupe armé d’Ayombekov, composé d’hommes qui travaillent pour ce commerce lucratif que sont les narcotiques, se sont jointes d’autres milices, qu’on peut supposer aussi impliquées dans ces activités. Certaines ont commencé à déposer les armes le 3 août et plus de 300 armes auraient été rendues.[2] Ayombekov lui-même, le 13 août, a annoncé qu’il « voulait la paix, pas la guerre », après avoir rendu les armes. D’autres n’ont pas eu le temps : la mort d’Imomnazar Immomnazarov, tué chez lui fin août, a provoqué des manifestations populaires de plus de 3000 personnes exigeant le retrait de l’armée.[3] Le gouvernement nie cependant toute responsabilité.

 Un climat de suspicions

Les rumeurs participent du climat de suspicions et plusieurs hypothèses sont évoquées parmi la population pour justifier cette opération violente : le président tadjik Emmomali Rahmon aurait eu besoin de montrer sa force dans cette région autonome où il a peu d’assise populaire en vue des prochaines élections présidentielles, qui auront lieu normalement en 2013. Il aurait donc voulu « mater » une région encoure sous faible contrôle du pouvoir central. Le contrôle des frontières avec l’Afghanistan est aussi un enjeu majeur puisqu’il implique non seulement celui du narcotrafic[4] mais aussi le passage de « combattants » ou d’ « islamistes » en provenance d’Afghanistan, ce que le gouvernement redoute[5] : même au Tadjikistan, si proche linguistiquement et culturellement de l’Afghanistan, la présence d’Afghans est associée à la menace terroriste alors que vue du terrain, elle semble surtout révélatrice d’un réseau mafieux de contrebande .[6]

Bref, le flou qui entoure ces évènements est digne des romans de John Le Carré. Pourtant, l’importance de la stabilité du Tadjikistan est cruciale pour toute la région[7] ainsi que pour le retrait d’Afghanistan que la France est en train de négocier, car ce sont de nombreux chars et autres équipements lourds qu’il va falloir rapatrier en France d’ici la fin 2014 (voir à ce sujet l’article publié par Grotius sur le retrait d’Afghanistan ).

 ONG : quel rôle possible dans ce genre de conflits ?

Plusieurs questions doivent également être posées, en marge de ce conflit : étant donnée l’importance des ONG dans le pays, proportionnellement à sa taille et à sa renommée internationale, comment se fait-il qu’aussi peu d’informations aient circulé sur le sujet et comment expliquer le silence de la presse étrangère ? Les ONG les plus importantes pouvaient apparemment communiquer avec leur personnel présent à Khorog via l’utilisation de téléphones par satellite. La circulation d’informations entre ONG présentes sur place a été plutôt dense même lorsque le contenu n’était que vague : l’objectif premier était d’évacuer certaines personnes, comme les touristes ou les personnes « vulnérables » (les femmes enceintes par exemple) dans une région voisine (Darvoz ou Douchanbé par exemple). Des témoignages ont circulé, communiqués par des personnes restées sur place, volontairement ou non. Mais pour autant, ces informations n’ont pas été plus loin que le milieu humanitaire et la population de manière générale est restée ignorante des événements qui se déroulaient à Khorog.[8] Il est évident que la volonté de  « rester neutre » des ONG a joué un rôle important dans le fait de ne pas ébruiter l’information au-delà du milieu humanitaire-développement, même si certaines sont intervenues publiquement comme Human Right Watch, qui a demandé au gouvernement « de respecter les droits de l’Homme durant le déroulement l’opération spéciale ».[9] Mais Human Right Watch est l’une des rares organisations internationales à avoir un véritable « mandat » d’information et n’est pas  présente physiquement dans le pays.

Plus généralement,  quel est le rôle des ONG dans la stabilité (ou stabilisation ?) du pays : malgré une présence depuis parfois plus de quinze ans au Tadjikistan, malgré un Etat dit « faible »[10] qui peinerait à contrôler l’ensemble de son territoire et les canaux d’information,  le gouvernement est quand même parvenu à isoler la ville de telle sorte que même les ONG n’ont pu avoir d’informations claires sur ce qui s’y passait. Des tirs, des morts, des blessés étaient rapportés, mais aucune information précise sur le nombre de morts civils par exemple ou sur le nombre de combattants d’Ayombekov n’a circulé (la presse tadjike indépendante parle de dizaine de morts civils, ce que nie le gouvernement). L’intervention humanitaire en tout cas n’a pas eu lieu malgré la certitude que des civils ont péri dans les combats et la possibilité – puisque des journalistes ont réussi à s’y rendre à partir du 26 juillet – d’intervenir ou de soutenir la population locale.

 Un ancrage relatif sur le terrain
à l’image de financements saccadés ?

L’une des organisations les plus importantes, la Fondation de l’Aga Khan, leader religieux des Ismaéliens qui constituent la très grande majorité de la population du Pamir[11], a une très grande influence dans cette région et est doté d’un prestige certain : non seulement la fondation incarne la générosité du leader religieux, mais c’est grâce à son soutien que la population du Badakhshan a pu survivre durant les terribles années 1991-1992 de la guerre civile (1992-1997), alors que la route avec la capitale Douchanbé était coupée.

Elle a depuis, joué un rôle majeur dans la mise en place de projets de développement dans la région[12]et a été un rouage important dans la diffusion d’information concernant les récents événements au sein des ONG, dans l’évacuation des personnes et surtout dans la résolution du conflit. Ce n’est pas la seule évidemment. Mais cette organisation a un ancrage local très fort parce qu’elle emploie surtout des Pamiris (dont beaucoup parlent anglais, selon les instructions de leur leader religieux, différence notable avec le reste du pays) : elle peut donc avoir un rôle dans la résolution des conflits qui impliquent les Pamiris.  Et actuellement les membres de l’AKDN (Aga Khan Development Network) prennent part aux négociations en cours entre le gouvernement et les combattants. Ayombekov a d’ailleurs souligné qu’il rendait les armes parce que l’Imam des Ismaéliens l’a exigé. Mais pour le reste, la majorité des projets de développement qui ont lieu au Tadjikistan sont le fait d’ONG locales soutenues par des fonds étrangers, provenant d’organisations internationales n’étant présentes parfois que sous forme d’un bureau à Douchanbé, dont les salariés ont pour tache essentielle de « déployer » l’argent « du haut vers le bas », sans grand contact avec les populations locales (c’est le cas de certaines agences UN ou de l’OSCE par exemple). Or ces fonds étrangers ne sont pas réguliers, en vertu du principe de « l’appel à projet ». Ces ONG locales, créées à la suite de la guerre civile et encouragées par les institutions internationales pour offrir de l’emploi  à la population locale (dans une certaine mesure, certaines d’entre elles peuvent même être regardées comme de l’auto-entreprenariat) ne sont donc pas financées régulièrement : les projets qu’elles mènent, malgré parfois de grandes ambitions, sont soumises à la course aux financements au même titre que les organisations internationales. Nombres de leurs actions sont réduites à des interventions ponctuelles, souvent très saccadées et dont l’utilité semble de faible portée[13], sans compter que l’organisation elle-même souvent nourrit à peine ses salariés.

On peut poser la question de la pertinence d’un développement astreint à un système de financement typiquement néolibéral du « que le meilleur (ou le plus gros) gagne ». Sous-entendu : celui qui a le plus de savoir faire dans la rédaction de projets, le plus de contacts avec les bailleurs de fonds, ne serait-ce que pour être au courant des projets en cours ou à venir, ou tout simplement savoir surfer sur internet et utiliser une boîte mail. La pérennisation de ces entités humanitaires organisationnelles, au travers des questions de développement,  a entraîné une professionnalisation de ces organisations dans « l’urgence » ou dans « le développement », même si la transition entre les deux demeure un sujet problématique. Mais  n’aurait-on pas besoin de sécurité et de stabilité pour être réellement efficace ? Si l’on souhaite  « développer » un pays, cela suppose de créer des infrastructures, des services pérennes à la population, quand il ne s’agit pas de la mise en place de « nouvelles pratiques ». Mais quelle en est la portée lorsque soi-même, en tant qu’ONG, on évolue dans une sécurité économique tout relative ?

Dans le cas du Tadjikistan, seule l’AKDN semble pouvoir mener des projets à long terme avec un ancrage local fort. Mais celle-ci a un statut largement différent puisque le chef des Ismaéliens est reconnu au Tadjikistan comme une personnalité diplomatique, au même titre qu’un ambassadeur. L’importance de la relation politique est ici de taille. Afficher une ambition politique n’est pas forcément un mal (participer à une forme de décentralisation tout en collaborant avec les autorités locales), afficher une collaboration avec l’Etat non plus. Le développement mis en œuvre par les différentes organisations, des plus locales aux internationales, malgré la création d’emplois et le soutien qu’il peut apporter aux populations et leur volonté de pérennisation sur le terrain, semble pourtant peu à même d’être un réel facteur de stabilisation pour le Tadjikistan, comme semblent le démontrer les évènements tragiques de cet été[14].

 

[1]La guerre civile a opposé essentiellement quatre groupes régionaux : d’un côté, les gens du nord – les Khodjendis, et du sud ouest – les Kulobis, patrie du président actuel, qui incarnaient essentiellement l’ancienne nomenklatura soviétique ; de l’autre, les démocrates et les islamistes des régions de Gharm et du Pamir, économiquement les plus pauvres et les moins proches du pouvoir politique depuis l’Union soviétique. La fin de la guerre civile en 1997 a été négociée en attribuant à ces derniers un certain nombre de postes importants (cf. le poste d’Ayombekov). Cela dit, depuis les années 2000, le président actuel tente de réduire ces postes et de placer ses hommes au maximum. L’intervention au GBAO prend donc place dans un contexte de tensions politiques qui opposent toujours les anciens adversaires de la guerre civile : le risque de déstabilisation est donc encore présent (cf. notamment les évènements de Gharm en 2010 où des insurgés s’étaient aussi opposés à l’armée pendant plusieurs mois). L’élément majeur à prendre en compte, depuis, est bien sûr le trafic de drogues en provenance d’Afghanistan. Pour une analyse plus détaillée de la situation sur fonds historique, voir le très bon article de Christian Bleuer « What’s going on in the mountains of Tajikistan ? » sur http://easterncampaign.com/2012/07/25/whats-going-on-in-the-mountains-of-tajikistan/
[2] Sachant que depuis la fin de la guerre civile il est normalement interdit de posséder une arme sauf autorisation spéciale comme pour les chasseurs. http://www.rferl.org/archive/Tajikistan/latest/668/668.html
[3] http://fr.rian.ru/world/20120822/195755468.html
[4]On peut souligner au passage que le beau-frère du président a récemment été assassiné (mi juin 2012). Il était ministre des forêts, mais il semble que le meurtre n’ait rien à voir avec ses activités politiques mais plutôt avec ses activités « extra » ministérielles : ce serait l’œuvre d’une mafia locale qu’il aurait concurrencée de trop. Pour une analyse plus détaillée du narcotrafic en Asie centrale, cf. Hohmann Sophie, « Le narcotrafic en Asie centrale: enjeux géopolitiques et répercussions sociales », Revue internationale et stratégique, 2006/4 N°64, p. 111-120.
[5] http://www.rferl.org/content/suspected_militants_detained_in_tajikistan/2256250.html. On notera d’ailleurs que la presse étrangère a surtout relayé la peur de l’intrusion afghane dans le conflit au Pamir, voir les sites d’Al Jazeera ou du Monde.fr. Ces articles tendent à refléter la politique gouvernementale d’utilisation de la menace terroriste afghane pour justifier l’usage de la force.
[6] D’ailleurs, dans le même temps, la « lutte anti islamiste » se serait renforcée : des suspects ont été arrêtés dans le nord du pays (http://news.tj/ru/news/afganskii-komandir-zaderzhan-v-svyazi-s-sobytiyami-v-khoroge) et plusieurs membres du seul parti d’opposition, le Parti de la Renaissance Islamique, ont été tués ces derniers jours. La tête du Parti s’est d’ailleurs très peu exprimée sur les évènements par peur de représailles lourdes de la part du gouvernement. « The Islamic Party under pressure », http://www.eurasianet.org/node/65773
[7] « Tajikistan: Badakhshan Clashes Risk Sparkling Insurgency, Analysts Fear », http://www.eurasianet.org/node/65719.
[8]A cela s’ajoute qu’à mesure que les jours avançaient, de plus en plus de sites d’informations ont été bloqués : BBC, Ria novosti, Asia plus, etc. http://www.rferl.org/content/dushanbe-criticized-for-blocking-access-to-news-websites/24665126.html
[9] http://news.tj/ru/news/hrw-tadzhikskie-vlasti-dolzhny-uvazhat-prava-cheloveka-vo-vremya-spetsoperatsii-v-gornom-badakh
[10]  Sur la nature de l’Etat au Tadjikistan, voir notamment le travail de John Heathershaw and Edmund Herzig, « Introduction : The sources of Statehood in Tajikistan », Central Asian Survey, 2011, 30: 1, 5 — 19.
[11]Les Ismaéliens constituent une branche du chiisme. Ils sont présents dans presque une vingtaine de pays dans le monde, et – au Tadjikistan, ils sont essentiellement au Pamir (et à Douchanbé, la capitale du pays). A contrario, le reste de la population du pays est d’obédience sunnite (de rite hanafite) et ne répond donc pas aux instructions de l’Aga Khan (qui, lui-même, vit en France).
[12] Pour une idée des types de projets mis en œuvre dans la région, cf. Bertrand Renouvin, « La conception ismaélienne du développement : l’exemple du Pamir », Mondes en développement, 2005/4 no 132, p. 129-138.
[13] Je ne cherche pas à nier l’existence de projets sur le moyen ou du long terme, sur plusieurs années, mais il semble qu’une grande partie des projets menés repose sur un fonctionnement entre l’offre (des bailleurs) et la demande (ONG) qui exige de sans cesse de « reconquérir » les financements prévus pour des projets de nature plus ponctuelle. Il faut ajouter à cela le fort turnover du personnel international qui souvent ne reste que peu de temps sur une mission sans avoir le temps d’acquérir une connaissance approfondie du pays. Mettre en place un projet de développement semble devenir une méthode « en kit » : une thématique de développement, méthodologie d’application, des stratégies de financement. Le risque évident ici est la mise en place de ces projets sans une minutieuse prise en compte de leur contexte d’application, par manque de temps et d’argent.
[14]Juliette Cleuziou tient à remercier chaleureusement Lucia Direnberger et Audrey Janin pour leurs remarques qui ont nourri ses réflexions pour la rédaction de cet article.

 

Juliette Cleuziou

Juliette Cleuziou

Juliette Cleuziou est doctorante associée au Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (Université Paris Ouest Nanterre). Après avoir travaillé sur les migrations centrasiatiques en Russie, elle s’intéresse aujourd’hui à l’impact de l’émigration masculine au Tadjikistan. Son travail concerne principalement les réseaux d’entraide des femmes de migrants restées au pays ainsi que les transformations des relations familiales au sein de ces foyers touchés par la migration.

Juliette Cleuziou

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