Sécurité du personnel en mission humanitaire

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Avant propos de Grotius.fr : le Groupe de Réflexion Urgence et Post Crise (GRUPC) propose à la lecture une série de documents et d’analyses. Ci-dessous un extrait de l’introduction du rapport de François Grunewald, publié en août 1999 intitulé «Sécurité du personnel en mission humanitaire – Entre compréhension, protection, dissuasion et acceptabilité. Quelques éléments de stratégie.» Un texte d’une grande actualité…

«Au cours des derniers siècles et de façon plus active encore durant les deux premiers tiers de ce siècle, le droit coutumier (présent dans l’éthique des chevaliers du moyen âge ou dans les règles de conduite de la guerre en terre d’Islam) puis codifié (Convention de la Haye, Convention de Genèvede 1949 et Protocoles Additionnels de 1977) a protégé à la fois les blessés et les acteurs humanitaires.

On ne tire ni sur le blessé, ni sur l’ambulance » a été un principe respecté pendant des guerres atroces. Ce Droit International Humanitaire (DIH) qui se développait d’un conflit à l’autre en Europe était en général respecté, même si des incidents arrivaient encore  trop souvent. L’instruction aux hommes en armes et l’existence de lignes de commandement claires aux armées régulières européennes ou encadrés par des cadres européens, coeur de la fonctionnalité des armées, permettaient la dissémination et le respect des principes du DIH.

L’apparition des guérillas dans le cadre de la Guerre froide n’a pas fondamentalement changé la donne. Ces troupes insurgées étaient sous le commandement de responsables politiques souvent bien formés et conscients que le respect du DIH était un élément de leur politique de communication vers leurs « parrains » et la communauté internationale, afin d’obtenir une reconnaissance politique et diplomatique : « Nous sommes aptes à prendre le pouvoir puisque nous sommes capables de respecter le DIH ».

La fin du Monde de la Guerre Froide, de ses risques, de ses horreurs mais aussi ses règles du jeu, a amené la prolifération de conflits, de crises, d’affrontements régis par d’autres paramètres. Si nombre d’entre eux ont été analysés de façon approfondie (voir bibliographie en Annexe), d’autres sont encore à déchiffrer. Parallèlement à un ensemble complexe de changements intervenus dans la nature, la conduite et les enjeux des conflits, les incidents de sécurité touchant le personnel humanitaire se sont multipliés. Atroces (assassinats de personnel médical de nuit au coeur d’un hôpital) ou bénins (vols de voitures et cambriolages des bureaux), ils présentent néanmoins tous un défi pour les acteurs de la solidarité internationale.

Comment travailler dans la turbulence, quand celle-ci peut devenir mortelle pour ceux-là même qui viennent apporter secours et réconfort ? A l’autre bout de la chaîne, les derniers événements au Zimbabwe, au Kenya, au Congo-Brazzaville ou en Indonésie montrent que plus aucune région du monde ne peut être tenue pour réellement stable à cinq ans. Les acteurs de développement peuvent du jour au lendemain et sans que rien dans leur « culture professionnelle » ne les y ait préparés, être au coeur de la crise (…)».

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François Grünewald

François Grünewald

François Grunewald est directeur général et scientifique du Groupe URD. (www.urd.org).