Ushahidi, un outil au service des crises…

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De sa naissance au Kenya en 2008, en passant par le séisme en Haïti lan passé et jusquà la double catastrophe japonaise du 11 mars, la plate-forme Ushahidi.com (http://ushahidi.com/) savère de plus en plus utile dans la gestion des crises.

Dans les heures ayant suivi la double catastrophe qui toucha le Japon le 11 mars, une plate forme Ushahidi voyait le jour, à l’initiative d’étudiants japonais de Boston aux Etats-Unis. Déjà à l’origine de celle lancée suite au séisme du 12 janvier 2010 en Haïti, ces Japonais récidivaient, apportant la preuve de la pertinence d’Ushahidi dans la gestion des crises, naturelles ou conflictuelles.

Créée par des internautes kenyans en 2008 durant les violences ethniques consécutives aux présidentielles kenyanes, Ushahidi (« témoignage » en kiswahili) s’affirme sur la scène internationale. Au Japon, dans les heures seulement après la catastrophe, des milliers d’alertes, publiées rapidement en ligne, ont été envoyées à la plate-forme. Un service d’aide indispensable aux autorités, submergées par les appels durant de tels moments et qui plus est à la recherche d’éventuels rescapés. Mais aussi pour les medias, en quête de témoignages et dont l’impératif est de faire vivre en direct la situation. Tout le monde en fait a un intérêt à travers cette info en instantané.

L’intérêt d’Ushahidi est de situer sur une carte en ligne tous les appels, les témoignages, les SMS émis par la population. C’est en quelque sorte une mise en forme de l’information participative. Deux entrées permettent aux internautes de faire passer leur message sur le site : « Je suis à la recherche de quelqu’un » et « J’ai une information de quelqu’un ».

Ushahidi a été très utile dans les crises et catastrophes naturelles en République démocratique du Congo, en Haïti, au Chili, à Gaza, et en Russie. Il a aussi montré sa pertinence lors des élections en Inde en 2009 et au Brésil l’an passé en pointant les irrégularités. Le séisme japonais, lui, n’a fait que renforcer la force de l’interactivité d’Ushahidi : rapide, simple, et précis. En un temps record, on est en mesure de tout voir, de tout savoir.

Sa naissance est un miracle…

Cette volonté fut la genèse d’Ushahidi, en janvier 2008. Alors que le Kenya file droit vers une guerre civile qui oppose les partisans du président réélu Mwai Kibaki et ceux de son opposant Raila Odinga, s’estimant volé, quelques internautes kenyans réagissent. En moins de temps qu’il ne leur en faut, ils lancent la première version d’Ushahidi.

Un véritable miracle puisque l’œuvre de personnes ne se connaissant pas à l’origine. D’un côté, David Kobia, un Kenyan travaillant aux Etats-Unis en tant que web developper, et de l’autre une avocate-bloggeuse kenyane Ory Okolloh. C’est dans la tête de cette dernière que germe l’idée d’un site web répertoriant les violences. C’est par une connaissance que David Kobia apprend l’existence d’un tel projet. Moins d’une semaine plus tard, Ushahidi est lancé.

Trois ans plus tard, et après de nombreuses crises majeures, l’utilisation d’Ushahidi est mondiale. L’an passé, l’équipe du site a rendu encore plus accessible son application. Les récompenses, qu’elle soient collectives ou individuelles, pleuvent : meilleur blog 2010 pour la Deutsche Welle, David Kobia désigné comme le meilleur innovateur de moins de 35 ans aux Etats-Unis.

Si la reconnaissance ne s’est pas fait attendre, le financement dépend encore des fondations. Les déclinaisons, elles, ne se limitent plus aux crises : les cartes répertorient à présent aussi bien les accidents de vélo à Los Angeles que les braconniers dans les parcs nationaux du Kenya. Ushahidi, c’est enfin et surtout le fruit d’une Afrique connectée et résolument à la page, à contre-courant des messages véhiculés par nombre de medias occidentaux.

 

 

Arnaud Bébien

Arnaud Bébien

Arnaud Bébien est journaliste (Tanzanie)