Yes, we can…

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 A vos plumes ! Grotius.fr a vu le jour le 2 avril dernier. Créer un nouveau média sur la toile était un pari. Comme d’aborder cette thématique : Médias & Humanitaire. Le pari est en partie gagné. Beaucoup reste à faire, avec toujours cette volonté d’ouvrir un débat de qualité. Grotius.fr sera là à la rentrée, en septembre, enrichi de nouvelles rubriques, de nouvelles signatures et de nouveaux dossiers. Dans cette dernière édition, Grotius.fr publie un dossier spécial Guantanamo : la fermeture programmée… Bonne lecture ! Et surtout n’hésitez pas à nous envoyer vos commentaires et propositions d’articles…

Navi Pillay a pesé ses mots… Fin juin, la Haut Commissaire de l’ONU pour les droits de l’Homme, a déclaré : «Le rôle de certains juristes, comme de médecins qui ont assisté à des séances de torture, doit être élucidé (…) Les attaques terroristes qui ont secoué le monde le 11 septembre 2001 ont eu un impact dévastateur sur la lutte menée pour éliminer la torture.»

229 détenus originaires d’une trentaine de pays différents… Ce sont les derniers chiffres fournis par le Pentagone. Les prisonniers de Guantanamo sont en majorité yéménites, une centaine environ. Les nationalités les plus représentées ensuite sont les Afghans, une vingtaine, les Algériens, une vingtaine aussi, les Saoudiens, une dizaine et treize Chinois de la minorité musulmane et turcophone ouïghoure.

Depuis l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche le 20 janvier dernier : un détenu yéménite s’est suicidé, un Tanzanien a été transféré aux Etats-Unis en vue de son procès devant un tribunal fédéral, un Ethiopien résident britannique a été libéré en Grande-Bretagne ainsi qu’un Algérien en France, quatre Chinois ouïghours aux Bermudes et un homme à la double nationalité tchadienne et saoudienne au Tchad. Un Irakien et trois Saoudiens ont été renvoyés dans leurs pays (Source : Pentagone, fin juin 2009).

Sans torture, les Etats-Unis seraient-elles moins sûrs ? C’est ce que pense l’ancien vice-président Dick Cheney… L’ancien vice-président qui a joué un rôle de premier plan dans la mise en place sous l’administration Bush de techniques d’interrogatoire assimilées à de la torture, comme la simulation de noyade, a soutenu que la décision de Barack Obama de renoncer à ces méthodes et de fermer la prison de Guantanamo avait rendu les Etats-Unis « moins sûrs ». «Lui et moi sommes en profond désaccord» a déclaré le président Obama. Deux visions des Etats-Unis, deux visions du monde…

Débat français… Des Droits de l’Homme aux Sports… «La conciliation des droits de l’Homme avec la diplomatie n’est pas impossible» affirmait Rama Yade peu avant de perdre son portefeuille. Pourtant elle déclarait en décembre 2007 à l’occasion de la visite à Paris de Mouammar Kadhafi : «Notre pays n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits.» Propos fort peu diplomatiques… Etait-ce du courage, de la provocation ou plus prosaïquement la petite phrase tant attendue (et presque soufflée) par les médias ?

Dans quel monde vivons-nous ? Ou quand un «people» – en l’occurrence le chanteur Bono, fait réagir la France officielle après avoir placé Paris (et Rome) en tête de la liste des mauvais payeurs, ou plutôt des mauvais donateurs… «Certaines nations du G8 ont réalisé des progrès encourageants l’an dernier vers la réalisation des engagements qu’elles avaient pris au sommet de Gleneagles en 2005 pour combattre l’extrême pauvreté en Afrique (…) La France et l’Italie sont responsables de 80% des fonds manquants» déclarait à la mi-juin le célèbre chanteur Bono.

Sans trop vouloir polémiquer (avec un chanteur) le porte-parole du Quai d’Orsay, Eric Chevalier, a rappelé que la France avait consacré 0,39% de son revenu national brut à l’aide publique au développement en 2008. Un chiffre qui place la France avant l’Allemagne, le Canada, le Japon, l’Italie et les Etats-Unis. Le rockeur irlandais Bob Geldof déclarait, de son côté, que le gouvernement italien était «une bande d’escrocs»… On n’ose ici rapporter la réponse du gouvernement italien…

Dans quel monde vivons-nous (bis) ? Au dernier Sommet de l’Union africaine, qui s’est achevé à Syrte en Libye le 3 juillet, l’Afrique « s’est rangée du côté d’un dictateur [Omar El Bashir] accusé de crimes de guerre plutôt que du côté de ses victimes africaines » a déclaré Reed Brody, le porte-parole de Human Rights Watch. Réunis autour de celui qui s’est fait baptisé le Roi des rois, Mouammar Kadhafi, les Chefs d’Etat du continent ont décidé de ne plus « coopérer » avec la Cour pénale internationale dans l’arrestation et le transfert du président soudanais devant la Cour. Et ce au nom de son immunité présidentielle… D’autres présidents africains craindraient-ils la CPI ? Le président du Tchad a seulement émis une réserve face à la position unanime de ses pairs. Idriss Déby « ménage » le guide libyen… Seul le Botswana s’est clairement démarqué de cette résolution de l’UA.

Jean-Jacques Louarn

Jean-Jacques Louarn

Jean-Jacques Louarn est journaliste à RFI.