A partir des années 1850, une véritable « internationale raciologique » voit le jour au sein des sociétés occidentales : des sociétés savantes apparaissent, des cours sont dispensés, des revues et des ouvrages sont publiés, des musées exposent des collections de crânes, des cerveaux momifiés aux côtés d’objets ethnologiques. Animée par une approche classificatoire, cette nouvelle science se dote de méthodes et d’outils anthropométriques afin d’appréhender la diversité physique et culturelle de l’homme.
Cette science, qui s’institutionnalise au moment où les identités collectives prennent comme référence centrale la nation, a directement participé à la construction des identités nationales au sein d’Etats aussi divers que la France laïque et républicaine, les monarchies constitutionnelles, la Russie tsariste puis communiste ou encore la Turquie kémaliste. Dans un contexte d’exacerbation des rivalités nationales, elle a renforcé la crédibilité des mythes identitaires (gaulois, anglo-saxon, aryen…), en leur apportant une caution scientifique.
L’auteure: Chercheure associée au Centre de recherche en histoire du XIXe siècle Paris1-Paris 4 et membre de la MSH Paris-Nord, Carole Reynaud-Paligot, enseigne au sein des universités de New York et de Californie à Paris. Elle est l’auteur de : Parcours politique des surréalistes 1919-1969, Paris, Editions du C.N.R.S, 2001, La République raciale 1860-1930. Paradigme racial et idéologie républicaine, Paris, PUF, 2006, Races, racisme et antiracisme dans les années 1930, Paris, PUF, 2007.
Grotius International
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