Publication des actes du Colloque organisé par le GREMMO (Groupe de Recherches et d’Études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, laboratoire CNRS – Université Lyon 2 qui s’est tenu le lundi 16 mars 2015 à Lyon . Ce colloques’inscrivait dans une série de rencontres scientifiques sur le thème : « Le Proche-Orient et la crise syrienne ».
Depuis quatre ans, nous avons analysé les causes et le processus de la crise syrienne. Le gouvernement syrien est resté en place, mais une partie du territoire est toujours sous le contrôle des rebelles.
Depuis les évènements de Deraa en mars 2011, la Syrie est entrée dans une crise profonde. Le nombre de victimes dépasse les 200.000, plus de 4 millions de Syriens ont fui le pays et 7 millions sont des déplacés internes, soit près de la moitié de la population syrienne. Les combats font rage entre l’armée syrienne et les rebelles, mais également entre les rebelles eux-mêmes, puisque le Front Al Nosra et l’État Islamique tentent de s’imposer au sein de l’opposition armée. La moitié du pays se trouve dans une profonde insécurité et dans le dénuement.
Le 1er décembre 2014, le Programme Mondial pour l’Alimentation a annoncé qu’il ne pouvait fournir de la nourriture à 1,7 million de réfugiés syriens installés dans les pays voisins et que ses aides aux populations déplacées en Syrie allaient s’interrompre le 1er février 2015. Un don de l’Union Européenne et des dons privés ont permis in extremis de rétablir les distributions de nourriture, sans quoi une explosion sociale était à craindre au Liban, en Jordanie et en Irak.
La crise syrienne dure et le flot de réfugiés continue d’augmenter, car rares sont ceux qui peuvent retourner dans leur domicile, soit qu’il a été détruit soit que la sécurité n’a pas été rétablie. Des centaines de milliers, voire des millions, de réfugiés sont donc bloqués dans les pays voisins. Ils dépendent de l’aide internationale pour leur survie, car les possibilités d’intégration sur un marché du travail saturé ou protégé sont minimes. Or, la multiplication des crises humanitaires dans le monde et une certaine lassitude à l’égard de la crise syrienne réduit l’aide financière alors que les besoins sont croissants.
En l’absence de solution diplomatique ou militaire en vue, la crise syrienne continuera. Les crises de réfugiés vont donc augmenter aussi, avec le Liban comme destination privilégiée pour de nombreux réfugiés en raison de l’accès privilégié accordé aux ressortissants syriens. La situation sécuritaire du Liban va probablement se détériorer davantage, du fait du flux de réfugiés et de l’implication des partis libanais dans la crise.
L’objet de ce colloque est de faire le point sur la situation humanitaire après quatre années de crise et d’établir quelques scénarios pour le futur.