Kôngô Ti Doli : naissance d’un journal école

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Etudiant en plein travail rédactionnel
© Gaël Grilhot

Consciencieux, David Gotoas recopie le passage de la Convention des droits de l’enfant qui lui servira pour illustrer son article sur les conditions d’éducation à l’Ecole Malimaka. A ses côtés, Gladys met un point final au lancement de son sujet sur le Centre d’écoute pour les femmes, qui fête cette année son premier anniversaire…

Nous sommes au début du mois d’avril, à Bangui (République centrafricaine), dans les locaux de l’Institut Panos Paris (IPP). Durant toute une semaine, une vingtaine d’étudiants en journalisme de l’université de Bangui (département des sciences de l’information et de la communication) ainsi que quelques journalistes professionnels issus des principaux titres de la presse centrafricaine (Le Confident, le Défi, …), y suivent une « Formation Pratique sur le Journalisme sensible aux droits de l’Homme ».

Ce programme coordonné par l’IPP a pour but de renforcer les capacités d’apprentissage de ces étudiants qui font face à un déficit d’encadrement et à de graves carences matérielles (absence de matériel d’enregistrement, accès à des ordinateurs, …). Il comporte bien sûr un volet théorique de sensibilisation aux systèmes international et africain des droits de l’homme, ainsi qu’aux différents mécanismes de justice pénale internationale.

Mais il a surtout pour objectif de sensibiliser les étudiants à utiliser ces savoirs et situations pour argumenter leurs articles – qu’il s’agisse de dossiers géopolitiques, ou des sujets de la vie quotidienne -. Il entend enfin participer au renforcement des capacités de la presse centrafricaine à traiter de ces sujets complexes. Car il s’agit bien ici d’un véritable travail éditorial. Deux journaux écoles (un écrit et un radio) sur cette thématique des droits de l’homme doivent être bouclés à l’issue de la formation, avec un objectif simple : apporter une information fiable, « mesurée » et sourcée, de façon à créer un climat de confiance avec les lecteurs. Savoir identifier et contacter les différents acteurs, éviter les commentaires non argumentés, hiérarchiser l’information : autant de notions travaillées dans un processus coopératif. Jusqu’au titre du journal – « Kôngô Ti Doli » (l’éléphant qui barit » en Sango) – qui a fait l’objet d’un vote en bonne et due forme.

Le travail en conférence de rédaction est ainsi mis en avant, avec le choix des sujets et les discussions sur l’opportunité ou non de les mettre en avant ou de les garder en « frigo » pour de prochains numéros.

Dépassant les difficultés matérielles (le journal radio a été enregistré à la lueur de la bougie, pour ne pas trop solliciter le groupe électrogène) et la faiblesse du réseau internet, les étudiants parviennent tant bien que mal à tenir leurs objectifs, et s’adaptent même à l’information de dernière minute tombée le soir même du bouclage : la mort de l’ancien président A-F. Patassé, qui les a obligé à modifier la « Une ». Deux fois par mois, deux journaux – écrit et parlé, doivent être ainsi réalisés avec publication dans la presse nationale pour le premier et diffusion sur Radio Ndeke Luka pour le second, jusqu’à cet été.

Le journalisme au service des droits de l’homme, dans un pays qui vit historiquement entre régimes autoritaires et rébellions, de Bokassa à Bozizé…

 

Journal radio

La médiathèque de l’Institut Panos Paris

 

 

Gaël Grilhot

Gaël Grilhot

Gaël Grilhot est journaliste indépendant.

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