Les catastrophes naturelles frappent de façon disproportionnée les enfants, mettent en garde les organisations non gouvernementales (ONG) et les agences des Nations Unies, qui recommandent une utilisation plus créative des médias pour les aider à faire face aux catastrophes naturelles.
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), au moins la moitié des personnes affectées par les catastrophes naturelles sont des jeunes âgés de moins de 18 ans. L’apprentissage par l’expérience (apprendre en faisant), les jeux et les films animés sont certains des outils utilisés par les animateurs et les éducateurs pour enseigner aux enfants les techniques de réduction des risques de catastrophes (Disaster risk reduction, DRR).
« Faire des exercices de simulation de catastrophe les rend autonomes. Cela présente plusieurs avantages, tout particulièrement dans les régions d’Asie affectées par les inondations et les cyclones, où les jeux ont été utiles », a dit Jordan Naidoo, conseiller principal en éducation de l’UNICEF à New York.
La région Asie-Pacifique est celle qui a été la plus gravement touchée par les catastrophes naturelles : entre 1970 et 2011, deux millions d’habitants de la région auraient trouvé la mort, ce qui représente 75 pour cent des décès causés par des catastrophes naturelles dans le monde durant cette période.
Il est crucial d’aider les enfants à gérer leur stress avant l’arrivée d’une catastrophe, notamment parce que les pays peuvent être confrontés à des catastrophes à évolution lente et à des catastrophes à évolution rapide, a indiqué M. Naidoo.
« Les pays d’Asie sont plus habitués aux urgences d’apparition soudaine, comme les tremblements de terre, les éruptions, les typhons (risques d’inondations et de vents violents), tandis que les pays du Moyen-Orient sont davantage exposés à des catastrophes à évolution lente et complexe, comme les conflits, les guerres et les sécheresses. Dans [chacune de] ces situations, nous utilisons les jeux de manière différente afin d’aider les enfants à gérer leur stress émotionnel ».
Les jeux sont efficaces pour préparer les enfants aux catastrophes, a dit Unni Krishnan, responsable de la réponse aux catastrophes de l’ONG internationale Plan International.
Au Vietnam, l’agence a participé à la conception d’un jeu de société de RRC, baptisé Riskland. Identique au jeu « serpents et échelles » (connu sous le nom de « toboggans et échelles » dans d’autres pays), la version vietnamienne de ce jeu comprend des illustrations réalisées par des écoliers. Ces illustrations dressent la carte de la géographie locale et informent les élèves sur le changement climatique et les menaces environnementales locales, comme les inondations et les vents violents. Comme dans le jeu original, l’objectif est d’avancer jusqu’à la dernière case en essayant de monter sur les échelles et en évitant de trébucher sur les serpents ou de glisser du toboggan.
Selon un rapport récent de Plan International et de l’Office des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNIDSR), les jeux aident les enfants à se socialiser et à leur donner confiance en eux-mêmes pour qu’ils abordent la question des catastrophes avec leurs pairs et leur famille.
En Thaïlande et en Inde, ce sont une baleine et un éléphant qui ont été utilisés pour sensibiliser les enfants à la préparation aux inondations. Roo Su Flood (Connaître, combattre les inondations), un dessin animé conçu en Thaïlande et diffusé lors des inondations qui ont frappé le pays à la fin de l’année 2011, a reçu plus de 78 000 mentions « j’aime » le jour de sa mise en ligne sur YouTube. Le nombre de vues a augmenté pour atteindre plus de 650 000 mentions « j’aime », selon le compteur de la chaîne.
Jon Russell, qui vit en Thaïlande, est le rédacteur pour l’Asie, du blog consacré aux des technologies de l’Internet « The Next Web ». Selon lui, la popularité du dessin animé tient à la perception que les informations communiquées sont « impartiales et fiables ». Jusque-là, a indiqué M. Russell, les évaluations des inondations effectuées par les responsables gouvernementaux étaient contradictoires : on annonçait que les inondations étaient sous contrôle avant de lancer une alerte quelques heures plus tard.
En l’espace de six mois, les inondations ont fait au moins 628 victimes, affecté plus de 13 millions de personnes et détruit 20 000 kilomètres carrés de terres agricoles en Thaïlande.
Ailleurs dans la région, le gouvernement indien et le Programmes des Nations Unies pour le développement ont utilisé un éléphant, un personnage de livres à colorier très apprécié des enfants, afin de leur enseigner les dangers des inondations.
Dans certains bidonvilles de Dacca – la capitale du Bangladesh, classée parmi les villes les plus sujettes aux catastrophes naturelles dans le monde – de légères précipitations peuvent causer des inondations en raison de la médiocrité des systèmes de drainage et des constructions.
Des ONG ont aidé les enfants de certains bidonvilles à réaliser des peintures murales et à monter des spectacles afin de les sensibiliser aux risques d’incendie et de leur faire comprendre le danger que représente un égout bouché.
L’UNICEF et le gouvernement des Pays-Bas ont participé au renforcement de l’éducation à la DRR après le passage du cyclone Aila, qui a fait 190 victimes dans le pays en 2009. La même région a été touchée deux ans plus tard par un autre cyclone, qui a fait 3 500 victimes.
Afin d’atteindre les enfants non scolarisés, les ONG ont monté des spectacles communautaires dans l’un des bidonvilles de Dacca, Jatrabari. Cela leur a permis de sensibiliser les enfants – qui vivent dans des abris de tôle et de bambou encombrés et vulnérables aux incendies – aux risques d’incendie.
Quel que soit le média utilisé, les enfants doivent être au centre de l’éducation à la DRR, a dit M. Krishna de Plan International, qui loue leur excellente capacité d’« absorption » d’informations et d’enseignements.
Il a indiqué que la tempête tropicale qui a frappé lel Salvador en 2010 a mis à l’épreuve les écoliers d’El Zapotal, ville située à environ 120 km de la capitale San Salvador. « Les enfants se sont retrouvés en première ligne lors de l’évacuation et ils ont sauvé la vie de 415 villageois qui ont failli être emportés dans les glissements de terrain ».
À l’occasion de consultations organisées par l’UNISDR auprès de plus de 200 jeunes originaires de six pays d’Asie en 2012, la quasi-totalité des jeunes interrogés ont dit qu’ils ne voulaient pas être considérés comme des victimes, mais plutôt comme des protecteurs de leurs communautés.
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Irin
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