La Révolution s’organise, mais se débat seule face à la machine de guerre baathiste

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Syrie (Alep), juillet-août 2012.  Comme peu d’observateurs, nous nous sommes interrogés

longtemps –et avec raison- sur les tenants et aboutissants des événements syriens : patchwork confessionnel et communautaire, la Syrie apparaissait divisée face au « Printemps arabe » ; Alaouites (communauté apparentée au chiisme) et Chrétiens, notamment, qui représentent entre 20 et 25% de la population, mais aussi Kurdes, Druzes -et même une partie de la communauté sunnite- s’inquiétaient de la menace d’un soulèvement islamiste et du risque d’une guerre civile. En témoignèrent les manifestations fleuves en faveur du régime, qui envahissaient les rues des grandes villes du pays, en janvier 2012 encore, et qui ne mobilisaient pas seulement les fonctionnaires aux ordres du système.

Un an et cinq mois après le début des troubles, cependant, les faits se sont précisés ; et la crise syrienne peut dorénavant être expliquée en termes assez clairs. Le spectre de la guerre civile s’est évanoui, démenti par une opposition de terrain de mieux en mieux organisée, l’Armée syrienne libre (ASL), et les différentes communautés se montrent de plus en plus solidaires, face à une répression féroce, qui a désormais franchi toutes les lignes rouges que la crainte d’une réaction de la Communauté internationale l’avait dans un premier temps inclinée à respecter, en apparence du moins. La manipulation des élections du 7 mai a en outre trahi les promesses de réformes du président Bashar al-Assad et révélé la volonté du régime de se maintenir en l’état, désillusionnant les derniers soutiens dont bénéficiait le gouvernement.

Si les manifestations anti-Assad ont encore lieu, dans les villes et quartiers contrôlés par l’ASL ou par d’autres groupes de miliciens révolutionnaires, la contestation civile a cependant presqu’entièrement été réduite au silence par la violence de la répression policière : arrestations, tortures, contestataires dont les corps sont rendus méconnaissables à leur famille, devant leurs voisins, disparitions… ont porté de durs coups à ce type d’opposition.

Sur le  terrain, c’est dès lors militairement que s’exprime la  résistance à la dictature baathiste, une résistance plurielle, mais dont il est possible de déterminer les acteurs essentiels (outre quelques cellules islamistes djihadistes, dont al-Qaeda, qui n’ont pas de lien direct avec les rebelles syriens –qui les rejettent sans ambiguïté ; ce qui a rassuré Alaouites et Chrétiens- et dont il est actuellement impossible d’estimer précisément l’importance).

Dans ce panel, l’Armée syrienne libre occupe de loin la première place : fondée par les premiers officiers dissidents à avoir lâché le régime, avec à leur tête le colonel Riad al-Asaad, elle se compose de militaires déserteurs qui ont créé à travers le pays des groupes de combattants de mieux en mieux coordonnés entre eux, rejoints par des civils, lesquels représentent environ 90% de ses effectifs. L’ASL constitue l’armature de cette résistance militarisée.

Elle s’organise à ce stade en onze Conseils militaires régionaux. Chacun de ces Conseils militaires est généralement constitué de quatre commissions : la commission financière, celle de l’armement, la commission des relations extérieures, qui représente le Conseil dans les conférences internationales, comme celle des « Amis de la  Syrie », et la commission politique, qui rédige des rapports sur les réactions internationales à la Révolution, pour informer le Conseil, et rédige aussi des articles pour informer l’étranger de ses actions. Les trois premières sont composées uniquement de militaires, élus par les militaires. La commission politique est élue uniquement par des civils, qui ont intégré les groupes de combattants. Le Conseil militaire élit aussi un chef (à Alep, c’est le Colonel Abdel Jabbar al-Okaidi, que nous avons rencontré au quartier général de l’ASL).

Ces Conseils militaires ne sont chapeautés par aucune structure. Le colonel Riad al-Asaad a ainsi rapidement été désavoué et ne commande pas l’ASL. Pas plus que le Haut Conseil militaire, qu’une vingtaine de généraux déserteurs de l’armée syrienne ont constitué dans le camp d’Apaydin, en Turquie, où ils sont réfugiés, et dont le chef, le Général Mustapha Ahmed al-Cheick (que nous avons rencontré à Apaydin) ambitionne de constituer en haut commandement de l’ASL. Il est lui aussi rejeté par les structures combattantes du terrain, qui se coordonnent entre elles à l’aide de moyens de télécommunication rudimentaires, parmi lesquelles Skype semble jouer un rôle essentiel.

Conjointement à l’ASL, on trouve, ici et là, des groupes armés indépendants, qui se sont constitués pour défendre leur quartier ou leur village. Ils se sont pour la plupart d’entre eux choisi un chef et ne mènent pas d’offensive en dehors de leur zone d’action. La majorité de ces groupes opèrent néanmoins en coordination avec l’ASL et, s’ils ne lui obéissent pas systématiquement, il apparaît toutefois qu’ils l’intègrent progressivement, ne fût-ce que poussés par le besoin de se fournir en armes et munitions, dont les principaux stocks disponibles ont été pris à l’armée régulière par les combattants de l’ASL et sont gérés par elle.

Cela étant, on relèvera une structure parallèle à l’ASL, Jabhet al-Nosra (les Vainqueurs de la Première Ligne). Elle rassemble principalement des jeunes, des étudiants, et, bien qu’elle ne représenterait que 5% environ des combattants rebelles, elle aurait des ramifications dans toute la Syrie.

Jabhet al-Nosra coopère avec l’ASL, mais ses leaders disent se méfier des officiers déserteurs qui commandent l’ASL et préfèrent dès lors rester indépendants : pour eux, ces officiers, qui ont servi le régime des années durant, ne peuvent pas avoir renoncé à leurs privilèges et ambitions du jour au lendemain et leurs intentions demeurent suspectes.

Parmi les leaders de Jabhet al-Nosra, on trouve un certain nombre de figures possiblement proches des milieux islamistes radicaux. Ces leaders s’étant montrés peu enclins à s’exprimer et à répondre à nos questions, il s’est révélé compliqué de percer à jour l’organigramme exact de cette organisation, dont certains groupes de combattants (katiba) collaborent de manière évidente avec des structures djihadistes étrangères, dont al-Qaeda, comme nous l’avons constaté à plusieurs reprises. Cette collaboration, que les commandants des katiba concernées ont justifiée par le fait que, ne recevant aucun soutien de l’Occident, ils sont dès lors dans la situation de devoir accepter toute aide qui se présente, est en revanche totalement exclue par l’ASL, qui rejette ces groupes de djihadistes étrangers car, d’une part, leur présence jette le trouble sur la Révolution et, d’autre part, ces groupes serviraient l’agenda de puissances extérieures et non pas les intérêts du peuple syrien. Cela dit, nos rencontres avec d’autres chefs de katiba de Jabhet al-Nosra, des étudiants occidentalisés beaucoup plus ouverts à la discussion, permettent d’établir la relative hétéroclisie de cette organisation, qu’il serait inapproprié de qualifier de mouvement islamiste.

Dans les rangs de Jabhet al-Nosra, on trouve quelques Afghans, Tunisiens, Algériens, Irakiens ou Tchétchènes,  venus aider la révolution. Mais il s’agit bien de quelques dizaines d’individus seulement, sur plusieurs milliers de combattants, et non d’éléments structurants commandés depuis l’étranger.

De manière générale, ces différents groupes de combattants soutiennent le projet d’une Syrie démocratique et respectent les principes des Droits de l’Homme. Les officiers des onze Conseils militaires de l’ASL ont ainsi signé une charte proscrivant les actes de vengeance, les exécutions sommaires et la torture.

Certains reprocheront à la Révolution des débordements, comme le lynchage des chefs de la famille al-Barry, le 1er août 2012, qui dirigeaient une mafia pro-Assad à Alep et appartenaient à la catégorie des Shabihas, une sorte de milice informelle, des hommes de mains que le régime a utilisé de tout temps pour terroriser ses opposants (nous étions présents dans ce quartier d’Alep, avec le commandant de l’ASL Abou Ahmed, la veille de sa conquête par les révolutionnaires). Et, effectivement, des vengeances de cet acabit, il y en a, et il y en aura certainement d’autres encore : il faut comprendre que la rébellion est majoritairement le fait de citoyens qui ont pris les armes, et non pas d’une armée toujours parfaitement disciplinée. C’est une révolution populaire. Il est donc présomptueux de juger ces débordements a priori ; pour bien les appréhender, il faut garder à l’esprit quelles ont été les pratiques abominables mises en œuvres dans les prisons du régime par

ceux qui, aujourd’hui, sont victimes de la vindicte de la rue.

Cela dit, il ne s’agit pas de pratiques systématiques, de la part des insurgés ; on peut même qualifier ces drames d’épisodes tout à fait marginaux : les commandants des unités locales de l’ASL et des groupes de révolutionnaires armés qui se sont coordonnés avec elle ont reçu l’ordre d’empêcher ces lynchages sauvages, qui nuisent à l’image de la Révolution et n’ont pas leur place dans la Syrie démocratique qu’ils veulent construire.

Mais, surtout, il ne faudrait pas renvoyer dos à dos les révolutionnaires et le régime en plaçant sur le même pied ces dérapages, résultats de coups de colères populaires, et les tortures et assassinats organisés par la dictature qui en a fait l’axe principal se son système de gouvernement.

C’est cependant l’erreur qu’ont commise à la fois des observateurs onusiens et certains médias, à l’annonce de ces exactions, que de les avoir montées en épingle et d’avoir titré rapports et articles sur le partage des responsabilités des crimes commis entre le régime et l’opposition.

Alors que les opposants au régime, qualifiés de « terroristes » par lui, sont traqués, torturés et exécutés ; alors que les médecins qui soignent les manifestants et les miliciens de l’ASL sont persécutés et, depuis peu, brûlés vifs sur ordre, publiquement, nous avons pu établir, à de très nombreuses reprises, que les rebelles, quant à eux, traitent généralement très correctement leurs prisonniers et en soignent les blessés.

En outre, les rebelles ne visent en aucun cas la population non combattante. En revanche, depuis le mois de juin 2012, le régime n’hésite plus à bombarder les habitations civiles dans les zones tenues par la rébellion. Nous en avons été les témoins –et ce quotidiennement- lors de nos séjours successifs dans le nord-est de la Syrie et à Alep plus particulièrement.  Nous avons, par exemple, constaté les dégâts humains occasionnés par le bombardement de la ville d’Azaz, proche de la frontière turque, le 15 août 2012, qui a coûté la vie à plus d’une centaine de civils et blessé environ trois cents autres personnes, alors qu’aucun objectif militaire n’était présent dans l’agglomération. De même, tous les jours, à Alep, nous avons été témoins des dizaines de victimes que provoquent les bombardements des quartiers rebelles par les hélicoptères de combats, qui tirent des roquettes à fragmentation sur la population de ces quartiers, et les avions (des Migs, L-39 et Soukoïs) qui lancent des missiles et, dans certains cas, des bombes thermiques (comme ce fût le cas à Azaz).

Parmi les épisodes les plus meurtriers de cette politique répressive, nous avons été témoins du bombardement du quartier d’Aghiour, à Alep, le 21 août 2012, où une foule de deux à trois cents personnes attendaient une distribution de pain. Ce n’était pas la première fois qu’une distribution de pain était visée. Les roquettes à fragmentation ont tué ou blessé des dizaines de personnes, surtout des femmes, qui faisaient la queue, et des enfants, qui les accompagnaient.

De même, l’hôpital Dar al-Shifaa, à Alep, où nous étions basés, est régulièrement pris pour cible par l’aviation.

Il s’agit là de crimes de guerre, au sens strict du droit international, planifiés et ordonnés, qui ont pour objectif –peut-on supposer- de faire plier la rébellion en pressurant la population, et qui n’ont absolument aucune commune mesure avec les coups de colère populaires évoqués dont on pourrait faire reproche à la rébellion.

Dans ce contexte, les observateurs étrangers ne sont plus nullement tolérés par le gouvernement syrien, pas même ceux qui se voudraient impartiaux et ne feraient pas montre d’a priori hostiles au régime, et ceux-là peut-être encore moins que d’autres. C’est vraisemblablement là une des explications de mon arrestation, en mai, et des mauvais traitements que j’ai subis dans la centrale des services de renseignements de Homs, de mon incarcération, ensuite, six jours durant, avant d’être expulsé du territoire, alors que je circulais pourtant avec un visa en bon ordre. C’est très probablement la raison pour laquelle des observateurs onusiens, lorsque le plan Annan était encore en vigueur, ont été pris pour cibles par l’armée régulière et pour laquelle les journalistes présents en Syrie le sont aussi, systématiquement : comme nous avons pu le constater, les snipers du régime ne visent pas le torse, protégé par le gilet pare-balles et l’inscription « press » ; ils tirent d’abord dans les jambes, pour immobiliser leur cible, et l’achèvent ensuite en tirant à la tête. Ce fut la méthode très précisément mise en œuvre dans l’assassinat d’une journaliste japonaise dont le corps fut transporté à l’hôpital Dar al-Shifaa, où nous nous trouvions, le 20 août 2012. Nous avions constaté le même procédé à l’encontre d’un journaliste turc, le 30 juillet. Il apparaît ainsi que les militaires du régime auraient reçu des ordres dans ce sens.

Autre dimension du conflit, la répression sans pitié à laquelle s’adonne le régime a provoqué un afflux de réfugiés, qui fuient les quartiers d’Alep journellement bombardés, mais aussi les petites villes et village du gouvernorat, eux aussi régulièrement ciblés par les hélicoptères et l’aviation, dont les frappes se sont accentuées depuis la mi-août.

La conséquence en est que des milliers de réfugiés se pressent aux frontières de la Turquie. Or, la Turquie, depuis le début du conflit, rechigne à prendre en charge ces réfugiés ; elle a longtemps refusé également d’être aidée par d’autres États qui le lui avaient pourtant proposé. Les conditions de vie dans les camps aménagés par les autorités turques sont dès lors déplorables : manque d’eau potable, sanitaires insuffisants, latrines surchargées, mais aussi pénurie de nourriture, de surcroît entretenue, parfois, par les gardiens de ces camps, qui organisent ainsi un marché noir tout à leur profit. C’est la situation que nous avons pu constater en juillet, lorsque nous avons accédé à ces installations, clandestinement (les autorités turques nous en avaient refusé l’entrée, sous le prétexte de respecter l’intimité des personnes réfugiées).

En outre, une nouvelle règlementation interdit désormais l’entrée en Turquie aux réfugiés syriens démunis de passeport, c’est-à-dire à la très large majorité des Syriens issus des quartiers populaires d’Alep et des villages alentours, dont la plupart n’ont jamais quitté leur pays auparavant.

Fin août, nous avons observé les conditions de vie de milliers de réfugiés, dès lors bloqués le long de la frontière turque : sans eau, sans électricité, sans approvisionnement en denrées, ils s’accumulent dans le plus complet dénuement. Arrivés à la frontière de nuit, c’est à la lumière des phares de notre véhicule que nous avons découvert cette marée humaine, des familles entières, des milliers de personnes qui apparaissaient au fur et à mesure que nous avancions, avec souvent des enfants en bas âge et des personnes très âgées, stationnées le long de la route, sans possibilité ni de rejoindre un camp pour y trouver de l’aide, ni de regagner leurs domiciles bombardés.

Reste à faire ici état de la principale difficulté que connaissent les différentes composantes de la résistance armée au régime : celle de l’approvisionnement en armes.

Comme nous avons pu le constater sur le  terrain, à quelques très rares exceptions près, toutes les armes dont disposent les rebelles ont été prises à l’armée régulière, lors des combats, ou bien achetées à des officiers corrompus. Il s’agit en outre d’un armement léger : kalachnikovs, mitrailleuses chinoises ou russes, quelques lance-roquettes antichars, qui ne font pas le poids face aux Migs, hélicoptères et blindés dont dispose le gouvernement syrien.

Les rebelles comptent leurs munitions ; les combattants montent généralement au front avec seulement deux chargeurs de kalachnikovs ; pour pallier au manque d’équipement, ils ont fabriqué des grenades au moyen de bouteilles de soda remplies d’explosifs autour desquelles ils enroulent du papier collant et des boulons…

Ni les démocraties occidentales, ni, contrairement aux fantasmes qui circulent, les monarchies du Golfe, n’ont fourni aux rebelles les moyens militaires de s’opposer à la machine de guerre du régime. Ils se débattent donc seuls.

Les rapprochements économiques et diplomatiques réalisés entre Damas et Washington depuis 2001, le statu quo jamais remis en question entre la Syrie et Israël depuis 1973 et les bons rapports entretenus entre l’Union européenne et la dictature assadienne laissent ainsi penser que les acteurs majeurs de la Communauté internationale misent sur le rétablissement de l’ordre en Syrie et le maintien de l’équilibre régional, et se refusent dès lors à aider concrètement la rébellion.

C’est du moins ainsi que le commandement de l’ASL explique, non seulement, l’inertie des démocraties occidentales, qui, affichant beaux discours et effets de manche, se réfugient cependant derrière les vétos russe et chinois du Conseil de Sécurité de l’ONU, mais, plus encore, les pressions qui ont été exercées par plusieurs de ces démocraties, par les États-Unis et la France, en tout cas, voire par l’Allemagne également, sur les gouvernements turc et jordanien, pour interdire l’acheminement d’armes aux rebelles à travers leurs frontières. Les rebelles ont en effet rassemblé des fonds pour acheter de l’armement, collectés à l’intérieur de la Syrie et dans la diaspora, mais également auprès de bailleurs issus des monarchies du Golfe (il nous a été impossible d’en apprendre davantage à ce propos) ; cependant, l’Occident empêche la livraison des armes.

D’où la défaite des rebelles dans la Bataille de libération de la capitale, Damas, au sud, lancée le 17 juillet 2012, et la menace qui pèse sur eux dans le nord, sur le deuxième front, ouvert le 20 juillet, à Alep.

Dès lors, le commandement de la rébellion, que nous avons interrogé, estime désormais que les puissances occidentales sont complices des crimes de guerre commis par le gouvernement syrien ; et le Conseil militaire d’Alep envisage l’opportunité de déposer plainte contre les gouvernements français et états-unien devant la Cour pénale internationale.

À Alep, les combattants de la révolution ont réussi à prendre le contrôle de toute la moitié sud-est de la ville. Mais la contre-offensive gouvernementale -qui s’est d’abord soldée par un échec, les villes et villages alentours, libérés de la tutelle de Damas, ayant envoyé des renforts à Alep- a depuis lors repris avec rage, le gouvernement utilisant désormais son potentiel aérien pour écraser l’insurrection.

Nous avons assisté à deux batailles qui se sont achevées par la défaite des rebelles, dans le quartier de Jdéidé, au nord de la Citadelle médiévale d’Alep, et, à l’ouest, dans le quartier de Saïf al-Daoula, où se situe maintenant la ligne de front, depuis la chute du quartier symbolique de Salaheddine.

Ainsi, il est évident que l’issue des événements dépendra de ce facteur, qui fera la différence entres les citoyens insurgés et les forces armées restées en partie fidèles à la dictature : si l’Occident persiste à refuser d’armer les rebelles, voire même à les empêcher de se procurer eux-mêmes de l’armement, tandis que la Russie et, dans une moindre mesure, la Chine continuent d’approvisionner le régime en armes et munitions, la révolution syrienne s’achèvera inexorablement dans le sang des insurgés et le régime, avec l’aide de ses partenaires, l’Iran y comprise, se maintiendra en l’état pour de longues années encore.

Pierre Piccinin

Pierre Piccinin

Pierre Piccinin, professeur d’histoire et de science politique à l’Ecole européenne de Bruxelles I. Domaine de recherche: histoire ancienne et contemporaine et particulièrement du Moyen-Orient.