Syrie – MSF dénonce la dissymétrie de l’aide

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Grotius International ne publie jamais de communiqués de presse émanant des ONG. Disons des interpellations très factuelles/ponctuelles. Ce n’est pas dans sa mission. Mais la situation en Syrie est tellement catastrophique que nous avons décidé ici de faire partager ce texte de MSF.

Paris, le 29 janvier 2013. L’aide internationale apportée en Syrie souffre d’un grave déséquilibre. Les zones sous contrôle gouvernemental reçoivent la quasi-totalité des secours internationaux et les zones insurgées une part infime. Pour que des millions de Syriens ne restent pas privés d’assistance, les donateurs doivent soutenir les opérations humanitaires transfrontalières à destination des zones contrôlées par l’opposition, déclare Médecins Sans Frontières (MSF).

Les bailleurs de fonds doivent se réunir le 30 janvier à Koweït City pour mobiliser 1,5 milliard de dollars au titre de l’aide humanitaire pour les victimes du conflit syrien. Mais jusqu’à présent, l’aide est principalement mise en œuvre depuis Damas par le CICR et des agences des Nations Unies qui interviennent en partenariat avec le Croissant-Rouge syrien, seul organisme habilité par le gouvernement à distribuer in fine l’assistance. Résultat, l’aide internationale n’irrigue les territoires insurgés que de façon marginale. Plus généralement,  l’aide impartiale est insuffisante en Syrie de part et d’autre des lignes de front, ainsi que  dans les pays limitrophes pour les réfugiés.

« Le dispositif d’assistance actuel ne permet pas de faire face à l’aggravation des conditions de vie des populations vivant à l’intérieur de la Syrie, observe le Dr Marie-Pierre Allié, présidente de Médecins Sans Frontières (MSF). Les participants à la conférence de Koweït City doivent reconnaître la légitimité d’opérations humanitaires transfrontalières vers la Syrie et leur accorder le soutien financier, administratif et logistique qu’elles requièrent. »

Depuis juin 2012, l’opposition armée syrienne a étendu et consolidé son emprise sur de larges parties du territoire. S’il est impossible de connaître la proportion exacte de Syriens vivant dans ces régions, la forte implantation de l’opposition dans les villes ainsi que dans les campagnes densément peuplées de Damas, Alep et Idlib laisse à penser qu’au moins un Syrien sur trois (soit sept millions de personnes) vit sous l’autorité de l’opposition armée.

Dans ces zones, l’assistance aux civils est mise en œuvre par les Syriens eux-mêmes avec le soutien de la diaspora, des pays amis et de réseaux de solidarité politico-religieux. Cette aide est manifestement insuffisante, notamment en matière d’abris, de couvertures, d’énergie… On observe aussi des pénuries pour des choses aussi essentielles que la farine et le lait maternisé. Ciblés par l’armée loyaliste, les services de santé parallèles peinent à répondre aux besoins des nombreux blessés et des malades souffrant d’affections chroniques.

Quelques ONG internationales, dont Médecins Sans Frontières, assistent les civils en zone rebelle à partir des pays voisins. Depuis 2011, MSF approvisionne en médicaments et matériel médical des groupes de médecins syriens soignant des blessés clandestinement. Son action s’est renforcée au cours des six derniers mois, avec l’ouverture de trois hôpitaux dans le nord-ouest du pays où plus de 900 interventions chirurgicales ont été réalisées. Mais cette assistance, tout comme l’action des autres ONG internationales, reste très limitée au regard des besoins.

L’aide humanitaire en temps de guerre exige souplesse et réactivité de la part de ses acteurs comme de ses donateurs institutionnels, si elle ne veut pas rester le témoin passif des souffrances qu’elle vise à alléger.

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