Turbulences en libye méridionale : Une menace majeure pour le bassin sahélien

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Par Ismaël Maazaz

Depuis la chute du régime kadhafiste en 2011, le sud de la Libye est devenu le lieu de confluence de nombreux groupes armés dans un contexte de défaillance généralisée de l’État et de fragmentations communautaire et régionale. Engagées dans une confrontation pour le contrôle des ressources et le monopole du pouvoir, les milices et brigades actives dans la région se sont progressivement immiscées dans les trafics transfrontaliers et suscitent l’inquiétude des pays mitoyens qui craignent une propagation du conflit à l’ensemble de la sous-région. 

Comparé à la durée de la crise somalienne, l’effondrement provoqué du régime de Mouammar Kadhafi en Libye a été extrêmement rapide. L’intervention de l’OTAN avait débuté moins de deux mois après les premières manifestations en février 2011 et avait précipité en septembre la fin de l’un des règnes les plus longs du XXe siècle, Kadhafi étant à la tête du pays depuis 1969.

Cependant, les conséquences de cette chute se font encore sentir pour la Libye et l’ensemble de la sous-région sahélo-saharienne. Aujourd’hui, le pays fait face à de nombreux défis et peine à se doter d’un véritable gouvernement. Alors que les observateurs se concentrent sur les événements en Tripolitaine et dans les villes portuaires d’importance comme Benghazi ou Misrata, le Sud libyen est plutôt délaissé par les analystes.

Pourtant, c’est bien depuis cette région que menace de se construire un « polygone de crises (1) » à cheval entre le Maghreb et l’Afrique centrale et occidentale.

Carte des provinces traditionnelles libyennes
(source Wikipédia)

Si les expressions « Sud libyen » ou « Libye méridionale » désignent parfois uniquement la région historique du Fezzan, nous les utilisons ici pour nous référer également à la partie sud de la Cyrénaïque, car les processus en cours dans toute la zone sont difficilement dissociables. À l’Ouest, les villes d’importance sont Sebha, capitale du Fezzan, Mourzouk et Oubari. À l’Est, se trouve le district Al-Koufra avec ses deux principales oasis Al-Jaouf et Koufra. Le caractère stratégique de ce district repose notamment sur la présence d’une des principales raffineries pétrolières du pays. La Libye méridionale est en effet particulièrement riche en hydrocarbure, notamment en Cyrénaïque. Elle dispose dans son sud des gisements parmi les plus importants, comme celui de Koufra. Par ailleurs, plusieurs oasis du Sud ont historiquement joué un rôle de carrefour commercial. La ville de Sebha notamment constituait un pôle essentiel du commerce transsaharien jusqu’à la fin du XIXe siècle (2).

Le Sud, vaste et peu peuplé (3), s’avère particulièrement difficile à réguler. Son climat désertique et sa carence en infrastructures en dehors des principaux axes nationaux compliquent encore la tâche des autorités de Tripoli. Néanmoins, la situation géographique particulière du Sud en fait une zone de contact avec l’ensemble de la sous-région à laquelle il est donc pertinent de s’intéresser..

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(1) Mehdi Taje, « Géopolitique de la conflictualité au Sahel », Diplomatie n° 67, mars-avril 2014.
(2) Olivier Plez, « Sebha, une grande ville du Sahara libyen », Méditerranée, n° 3.4, 2002.
(3) Le Fezzan à lui seul représente un territoire de 400 000 km2, soit les deux tiers de la France, pour seulement 500 000 habitants.

 

 

 

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La rédaction de Grotius International.

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