Gaza impunité

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Le 27 décembre 2008, l’aviation israélienne lançait ses premiers raids contre Gaza. Le 3 janvier 2009 commençait l’offensive terrestre à Gaza, qui devait durer deux semaines. Au total, 22 jours de combats qui ont fait 1400 morts du côté palestinien, au moins 5000 blessés, contre 13 morts israéliens. La grande majorité des victimes étaient des civils.

Pendant toute l’offensive, le gouvernement israélien a interdit aux journalistes d’entrer dans le territoire. Seuls quelques-uns qui étaient sur place avant purent montrer les images des destructions d’immeubles, d’écoles, de dispensaires, de casernes de pompiers, etc.

Depuis, tous les responsables étrangers qui ont pu se rendre sur place ont été frappés par l’ampleur des destructions. Plus d’un an plus tard, rien n’a vraiment changé. La bande de territoire qui abrite près de 1,5 million de Palestiniens reste soumise à un blocus sévère. Ses habitants ne peuvent pratiquement plus quitter leur «prison à ciel ouvert».

Les matériaux pour la reconstruction sont interdits d’entrée et la rentrée scolaire s’est souvent faite sous les tentes. Normalement, avant la prise du pouvoir par le Hamas en juin 2007, 12350 camions passaient en moyenne vers Gaza chaque mois ; en juillet 2008 ce nombre est tombé à un millier. Le blocus israélien s’étant renforcé dès le 5 novembre 2008 (après qu’Israël eut rompu la trêve en intervenant directement à Gaza), il s’est effondré, au cours du mois de novembre, à… 23 camions. En 2009, la moyenne mensuelle était de 2716 camions, 20% du trafic de l’année 2007. C’est toute une population que l’on tue à petit feu…

La litanie des rapports des organisations humanitaires est accablante et désespérante. Les résolutions et les appels pour la levée du blocus sont nombreuses, des Etats-Unis à l’Union européenne, et pourtant rien ne change. Et l’Egypte, qui pourrait être une porte de sortie pour Gaza, participe à cet enfermement des Palestiniens.

Les Nations unies ont aussi produit un rapport à la suite des travaux d’une commission dirigée par le juge sud-africain Richard Goldstone, un ancien membre de la cour constitutionnelle de son pays et un ancien procureur du tribunal pénal international sur l’ex-Yougoslavie (TPIY) et sur le Rwanda (TPIR). Il est accablant pour Israël – même s’il pointe aussi les crimes du Hamas.

Le rapport souligne que, avant le déclenchement du conflit, Israël n’a pas respecté ses engagements d’ouvrir les points de passage à Gaza et a maintenu une politique de blocus contre la population, la privant des denrées de première nécessité ; que le cessez-le-feu a été, en gros, respecté par les deux parties jusqu’à début novembre et que c’est une action militaire israélienne le 4 novembre qui l’a rompu – et non, comme on le lit partout, le Hamas.

Le rapport conclut notamment que, pour les autorités israéliennes, les attaques disproportionnées, celles contre les populations civiles et la destruction de bâtiments civils ont été des moyens légitimes. Le rapport note aussi l’absence d’enquêtes sérieuses menées par les autorités israéliennes sur les crimes de guerre. Cela renforce, selon la commission, la nécessité d’utiliser le principe de juridiction universelle qui permet à des tribunaux nationaux de juger des personnes de nationalité étrangère accusées de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité.

Ce rapport Goldston n’a eu aucune suite. Et cela est grave pour deux raisons. Pour la population de Gaza d’abord, victime aussi de la passivité de ce que l’on nomme «la communauté internationale». Mais aussi pour l’idée même de justice internationale car la passivité des Etats occidentaux accrédite l’idée du «deux poids, deux mesures». Pourquoi le dictateur soudanais Al-Bachir devrait-il rendre compte de ses actes au Darfour si les dirigeants israéliens (perçus comme occidentaux par l’immense majorité des opinions du Sud) échappent à tout jugement ?


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La rédaction de Grotius International.

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