La résistance par la non-violence en Palestine : Une stratégie efficace à soutenir

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Les récentes évacuations israéliennes par la force de deux petits rassemblements pacifiques dans des tentes à Bab chams – la porte du soleil- et à Karama- la dignité-, rassemblements organisés par des dizaines de militants palestiniens près de Jérusalem afin de protester contre la construction des colonies israéliennes sur des terrains appartenant à des Palestiniens, montrent que la lutte populaire pourrait réaliser nos objectifs nationaux, et que la non-violence pourrait toujours être une stratégie efficace de combat contre l’occupation israélienne de nos territoires palestiniens.

L’aspect le plus important dans ces évènements réside dans la détermination de ces militants, qui, malgré la brutalité des forces d’occupation, et malgré leur évacuation sont revenus à plusieurs reprises  et par divers moyens sur les lieux évacués. Ils y ont non seulement accroché des drapeaux palestiniens, mais  ils y ont  surtout dressé des tentes. Ces moyens sont restés non-violents malgré les différentes attaques et arrestations israéliennes, c’est un indice fort de la capacité de ces Palestiniens à développer leurs actions pacifiques contre les forces de l’occupation et contre la colonisation et la confiscation de leurs terres.Ces actions marquantes s’ajoutent aux différentes actions organisées de façon régulière par des dizaines de Palestiniens, notamment en Cisjordanie, près du mur d’apartheid et sur des terrains confisqués par l’armée israélienne. Elles sont moins importantes dans la bande de Gaza, avec seulement quelques manifestations contre la zone tampon de sécurité imposée par l’armée israélienne au nord de la bande de Gaza.Les médias y compris les médias palestiniens, n’ont pas beaucoup parlé de ces actes pacifiques, et  les partis  et factions, voire les institutions officielles palestiniennes ne les ont pas soutenues.

Les médias ne s’intéressent pas à ce type de résistance, ils recherchent la guerre, les morts, et les actes de violence dont ils sont avides comme on l’a vu lors des récentes agressions israéliennes contre la bande de Gaza en novembre dernier. L’autorité nationale palestinienne est très impliquée dans les négociations et dans un processus de paix avec le coté israélien, un processus en plein échec, vingt ans après les accords d’Oslo. Israël n’a jamais appliqué les accords de paix, ni aucune résolution internationale et cela devant le silence complice d’une communauté internationale souvent absente face à ces violations israéliennes permanentes.

Les factions palestiniennes sont divisées sur le choix unique d’une forme de résistance armée, qui n’a pas de consensus et d’autres formes qui ont montré leur inefficacité, sans oublier le déséquilibre total entre les moyens militaires israéliens, et les moyens utilisés par ces factions.

Le problème est que la résistance par la non-violence n’est pas soutenue, ni encouragée par cette Autorité, et ces factions, cette résistance se développe suite à des initiatives citoyennes et à un engagement individuel sans vraie stratégie, ni planification ni organisation à long terme. Les actions non-violentes, malgré leur importance, durent peu de temps et sont occasionnelles. Nous sommes occupés, et nous avons le droit légitime de résister par tous les moyens contre cette occupation qui assassine, qui tue et qui colonise tous les jours. Mais la résistance par la non-violence pourrait aider les Palestiniens à en finir avec cette occupation coloniale.

La situation actuelle dans les territoires palestiniens est marquée notamment par l’absence de perspectives,  le désespoir total et la poursuite d’installation de colonies israéliennes.

Un blocus inhumain est imposé depuis plus de sept ans au  million et demi d’habitants de Gaza En Cisjordanie, un mur d’apartheid sépare les Palestiniens de leurs villages et de leurs terres, sans oublier l’accélération de la colonisation, les check points   et les mesures coercitives prises par l’occupation.

Face à cette situation, dans leur lutte contre l’occupation et  la revendication de leurs droits nationaux, les Palestiniens, malgré leur détermination et leurs différentes formes de résistances, n’ont pas réussi à réaliser leurs espérances : ils sont toujours occupés et voient leur terre confisquée par les colons. Notre conjoncture est marquée par beaucoup d’événements qui se passent dans notre région et dans le monde, et qui rendent la résolution du conflit israélo-palestinien très difficile. Cela demande une réflexion réelle de la part de toutes les organisations palestiniennes  de trouver une solution durable à notre conflit avec les Israéliens.

Nous, Palestiniens, devons nous organiser, être à la hauteur de nos espérances, à la hauteur des espérances de tous ceux qui partout dans le monde sont solidaires de notre cause.

Nous essayons de proposer une alternative par la non-violence, même si l’occupation israélienne poursuit sa politique agressive et violente contre notre peuple. La résistance par la non-violence est  ni connue, ni approuvée par beaucoup de Palestiniens. Cette résistance est moins médiatisée, elle n’est pas soutenue, elle ne fait pas partie des priorités pour l’Autorité et pour les factions, néanmoins, elle a besoin d’être organisée, et d’être pratiquée par les citoyens palestiniens qui ne peuvent rester indifférents à la confiscation de leurs terrains et à leur souffrance au quotidien.

C’est vrai, que les Palestiniens résistent au quotidien par leur force et l’attachement à leur terre en dépit de toutes les agressions israéliennes. Mais ils doivent développer la résistance contre les colons et contre les soldats israéliens qui viennent  régulièrement sur des territoires qui ne leur appartiennent pas. L’action non-violente, contrairement à ce que la plupart des gens pensent, c’est le choix le plus difficile, parce qu’elle exige des techniques de coordination , de coopération et une vraie détermination pour être efficace et donner des résultats plus utiles que le recours à la violence. La non-violence fait partie de la mobilisation populaire qui fait réellement peur aux occupants.

Israël préfère la lutte armée et les factions, car c’est un prétexte pour bombarder, attaquer, écraser les Palestiniens. C ’est précisément le développement de la lutte non-violente du peuple palestinien qu’Israël redoute le plus pour son image. C’est pourquoi nous pensons que le défi le plus important pour les Palestiniens est de pratiquer la résistance non-violente, car cette forme de résistance, non seulement développe la dignité humaine, mais garantit l’indépendance et la capacité de ses partisans à endurer les représailles et à lutter contre toutes les formes d’injustice.

L’option pour la non-violence demande des sacrifices, certes, elle demande aussi de la patience. Mais notre peuple est connu pour sa capacité à endurer des sacrifices pour la terre de Palestine. Et surtout il est connu pour sa patience. Depuis plus de 65 ans, notre peuple souffre et malgré tout cela, il résiste, il garde l’espoir. Oui, la vie continue en Palestine. Le plus important pour nous, maintenant, est d’essayer de mobiliser l’opinion publique dans le monde afin qu’elle soit solidaire avec notre  noble cause et pour y arriver, il faut un changement dans nos pratiques politiques, il nous faut encourager la participation de toute la société palestinienne à l’élaboration de notre futur projet national.

Cela signifie que nous avons besoin de mettre en lumière les actions non-violentes organisées en Palestine, afin que le monde entier sache que les Palestiniens sont conscients de ce concept civilisé, en tant que peuple occupé défendant sa terre, sa liberté et son indépendance.

Cela signifie enfin que le devoir de la communauté internationale est de soutenir le mouvement de la non-violence en Palestine, pas seulement de faire connaître les actions non-violentes, mais surtout de boycotter les produits israéliens dans une campagne internationale citoyenne et institutionnelle, de boycotter cet état d’apartheid. C’est pourquoi, le choix palestinien de la résistance par la non-violence, avec une stratégie efficace et bien définie, avec une mobilisation populaire et un soutien officiel d’une part, et un boycott de l’extérieur, restera une solution possible comme forme de résistance à l’occupation israélienne afin de réaliser nos objectifs nationaux et nos espérances de vivre en liberté et en paix sur notre terre.

Ziad Medoukh

Ziad Medoukh

Ziad Medoukh, Responsable du département de français – Université Al-Aqsa-Gaza-Palestine.