Parution du Cahier n°1 du CCMO

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Le défi sécuritaire en Israël. Mythes et réalités

Couverture du 1er cahier du CCMOEvoquer la sécurité d’Israël depuis 1948 a toujours été un sujet hautement polémique en Israël comme auprès de ses alliés historiques et de la communauté internationale en général ; la remettre en cause ou du moins remettre en question les moyens d’y parvenir, un tabou.

En effet, depuis sa proclamation le 14 mai 1948, l’État hébreu vit en état d’urgence permanent, c’est-à-dire en état de guerre permanent. Et il en va de même, par ricochet, de ses voisins libanais et syrien, en état d’alerte tout comme c’était le cas en Égypte et en Jordanie avant qu’elles ne signent la paix avec l’État hébreu, respectivement en 1978 et 1994. Quelles sont les conséquences concrètes de cet état de guerre permanent pour un pays et pour ses citoyens? Au regard du droit international, en cas de péril imminent, la protection d’un pays et de ses concitoyens peut et doit se faire par tous les moyens possibles, y compris l’usage de l’arbitraire et la suppression des garde-fous classiques de la démocratie libérale (séparation des pouvoirs, préservation des libertés individuelles…).

Cet état d’exception a permis à Israël, à partir de 1950, suite au vote d’une batterie de lois d’urgence, d’accaparer des terres palestiniennes pour « raisons de sécurité », souvent des « zones frontalières » devenues « zones de sécurité ». Dans l’imaginaire israélien, c’est bien de survie dont il est question, et ce depuis soixante-trois ans. Face à la « menace existentielle » qui pèserait sur le pays, à commencer par celle inspirée par les pays arabes, il s’agit d’assurer une sécurité permanente, réactive et préventive. Le citoyen accepte de s’en remettre à l’État pour sa protection, un État qui peut devenir policier et rigide. Pendant les premières décennies d’existence et au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la menace semblait réelle et Israël a décidé de conduire plusieurs opérations et guerres offensives, ancêtres de ce que l’on appelle les guerres préventives, afin d’« assurer sa sécurité ».

Aujourd’hui, la menace existentielle est-elle encore présente ? Est-elle la même ou a-t-elle évolué en six décennies ? Il est certain que les Israéliens, confortés dans les dernières années par le caractère sanglant et tragique des attentats suicides, ont continué à penser que leur pays était en danger de mort. Quelle perception du danger et de leur propre sécurité les Israéliens ont-ils ? Aujourd’hui, on sait bien aussi que le meilleur moyen de maintenir l’état d’urgence permanent est de veiller à ce que la menace pèse toujours, quitte à désigner directement de nouveaux ennemis. Les dirigeants politiques ont-ils usé et abusé de cette stratégie au détriment de leurs propres concitoyens, alors que la perception même d’Israël pour les Juifs et les non-Juifs a profondément changé ? (…)

Les auteurs : Jean-Baptiste Beauchard, doctorant en droit rattaché à l’IRSEM et au CECOJI et Sébastien Boussois, chercheur en post-doc à l’Université libre de Bruxelles.

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Jean-Baptiste Beauchard

Jean-Baptiste Beauchard

Jean-Baptiste Beauchard est doctorant au CECOJI Centre d’Etudes sur la Coopération Juridique Internationale) et à l’IRSEM (Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire).

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