La Raddho, la voix de la société civile africaine

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Par Alioune Tine… La RADDHO a fortement contribué à l’émergence et au développement d’une culture des droits de l’homme, de la démocratie et de la paix au Sénégal. C’est ainsi qu’elle a pu se forger une réputation d’objectivité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance d’action et de pensée à travers ses multiples domaines d’intervention quant à la défense et la protection des droits de l’homme. La RADDHO est une Organisation Non Gouvernementale Internationale ayant le Statut Consultatif Spécial auprès du Conseil Economique et Social (ECOSOC) des Nations Unies, Membre Observateur de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) de l’Union Africaine.

Quel accès aux médias internationaux, radios et télévisions étrangères, pour les organisations africaines des droits de l’Homme ? Nous affirmons d’emblée que nous sommes toujours dans un schéma colonial ou post-colonial comme on voudra. La décolonisation politique et des esprits reste inachevée, la défense des droits de l’Homme n’y échappe pas. La porte est très étroite pour les organisations des droits humains du Tiers Monde.

Comment faire entendre sa voix, celle du continent noir, sur la scène internationale ? Comment toucher une opinion publique étrangère à l’Afrique ? Et ce pour mieux alerter nos dirigeants, la société civile, « notre » opinion. Car l’objectif est d’abord là. Mais le « système » est ainsi : nous devons passer par Paris ou Londres pour être écouté. Le flux de l’information est Sud-Nord puis Nord-Sud et non Sud-Sud. Il ne l’a jamais été. L’information est crédible quant elle vient du « froid »… Etonnant processus… Réactions surprenantes de notre part, à nous Africains, qui avons si peu confiance en nous-mêmes. Passer par New York ou Paris pour être entendu à N’Djaména, à Conakry ou Kinshasa.

Certes, les organisations africaines sont pauvres, elles n’ont pas de consultants ou d’experts en communication et c’est un facteur aggravant. L’expérience de la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme dont l’un des objectifs est justement la décolonisation des droits humains est intéressante en ce sens. Nous utilisons ce chemin tortueux de l’information décrit plus haut pour  plaider nos causes. Il est très difficile de faire autrement.

La Raddho a réussi pourrait-on dire. Notre organisation « colle » à l’événement, elle travaille à chaud. Son action est volontariste. Et si l’organisation ne s’exprime pas on vient la chercher. Mais elle se fragilise comme beaucoup d’organisations africaines de la société civile: faiblesse structurelle, institutionnelle et surtout faiblesse financière.

Fragilité aussi du fait de la compétition avec des organisations plus puissantes dont le siège est à l’étranger, en France, en Angleterre… dans des pays où la défense des droits de l’Homme est reconnu, valorisé, institutionnalisé, et s’inscrit souvent dans une stratégie diplomatique des Etats.

Fragilité enfin parce-qu’elles font face à des organisations internationales agissant en Afrique, des organisations qui gère un processus de A jusqu’à Z: du financement à l’exécution des programmes… Ces structures ont des moyens humains, institutionnels et financiers qui ne laissent aucune chance aux organisations africaines.

Si cela continue non seulement la bataille pour la décolonisation des droits humains en Afrique est perdue d’avance mais on va assister à la transformation des organisations africaines en de vulgaires prestataires de service.

Alioune Tine est Président de la Raddho, la Rencontre africaine pour la Défense des Droits de l’Homme.


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La rédaction de Grotius International.

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