Burqua : les effets pervers d’une médiatisation… Zorro est arrivé !

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Femme en burquaSurgi d’on ne sait trop quelles urgences gouvernementales, le port de la burqua est venu, ces dernières semaines, parasiter les préoccupations essentielles de la France et des Français. Au second plan, le pouvoir d’achat ! Relégués, la dégradation des conditions de vie, le chômage ! Elus de bords traditionnellement opposés ont retrouvé un semblant de consensus, pour estimer que le Parlement doit légiférer sur ce phénomène qui concernerait, sur une population de 65 millions d’habitants, quelque 2.000 femmes !

Si le phénomène n’est pas insignifiant, il est, au moins, marginal et ne mérite certainement pas la publicité gratuite qui lui a été faite des jours durant. D’ailleurs, si les instituts de sondages s’avisaient d’interroger les Français, ils révéleraient des chiffres bien décevants. Par exemple, sur le pourcentage des Français qui ont déjà vu, sur le territoire national (pas à la télévision), une femme en burqua. Nous parlons bien de la vraie burqua, qui masque plus que Zorro, y compris les yeux, avec, dans certains cas, juste un petit hublot pour laisser deviner la couleur des yeux.

Les sondeurs pourraient aussi découvrir que nombre de Français n’ont jamais vu, en burqua, que les riches femmes des pays pétroliers, en pleines courses dans les magasins chics de maroquinerie de luxe, sur les Champs Elysées, chez les couturiers du Faubourg Saint-Honoré ou de l’avenue Montaigne, à Paris. De riches étrangères, venues faire tourner l’industrie française du luxe. Faudra-t-il les verbaliser ?

Oh ! Ceux qui habitent certaines banlieues vous diront qu’ils en voient tous les jours sur leur marché. Et même dans ce cas, on n’a, là, que la confirmation du fait que bien des adeptes de la burqua sont encore, en France, des personnes qui vivent pour la plupart dans une forme ou une autre de ghetto. Il n’est pas impossible que, par mimétisme ou envie de défier la France, comme disent certains, la publicité faite à la burqua suscite une vocation soudaine du port du voile intégral chez quelques jeunes musulmanes, qui y trouveraient un moyen de s’affirmer. Cela s’appelle des effets pervers. On ne tardera pas à en mesurer l’ampleur.

Dans l’emballement médiatique et politique découlant d’un procès-verbal dressé par un agent de police pour port de la burqua au volant, on a pu apprendre que non seulement la femme cachée sous le voile intégrale est de nationalité française, mais que son conjoint – que d’aucuns suspectent d’avoir incité son épouse à adopter cet accoutrement qui détonne dans l’environnement – l’est aussi. Difficile, dans ces conditions, de répéter à ces gens qu’ils doivent se conformer aux us et coutumes de leur pays d’accueil. Ils sont (théoriquement) chez eux ! Même si tel ministre a (un peu trop vite) cru pouvoir menacer de déchoir le mari de sa nationalité française, pour cause de suractivité… affective.

Hélas ! De tels sous-entendus suggèrent que malgré leurs papiers (français), ces citoyens sont d’abord et avant tout perçus comme des étrangers, dont on attend qu’ils fassent l’effort de s’intégrer, selon la formule consacrée. Comme quoi, la couleur de votre peau et votre accoutrement vous situent davantage que les papiers que vous pouvez exhiber au contrôle de police. Est-ce pour cela que cette jeune artiste de la chanson parle, dans un de ses tubes, de «nouveaux Français», à qui l’on demanderait plus qu’à d’autres ?

Il est, notamment dans certains pays d’Afrique, une éducation stricte sur la manière de se conduire lorsqu’on est en terre étrangère. Une invitation à respecter la culture de ses hôtes, que résume bien la maxime qui suggère que «lorsque vous débarquez dans un village où vous voyez tout le monde claudiquer, même si vous avez vos deux jambes bien solides, il faut, au moins, faire semblant de boitiller». En d’autres termes, l’étranger (ou la personne d’origine étrangère) doit éviter d’imposer son mode de vie à ses hôtes, sous peine d’être considéré comme une personne sans-gêne.

A part quelques stars reconnaissables au milieu de foules immenses, en France, dans la rue, on est tous des anonymes. Chacun est bien trop préoccupé par ses soucis personnels pour perdre son temps à dévisager ceux qu’il croise. Paradoxalement, la burqua, dans un tel environnement, devient le plus sûr moyen de se faire remarquer. Peut-être est-ce l’objectif secrètement poursuivi par certaines adeptes du voile intégral ? Les stars qui ne veulent pas être reconnues se protègent parfaitement avec des lunettes de soleil et une bonne casquette.

L’accoutrement de Zorro fait que l’on se retourne sur votre passage, non seulement pour vous déshabiller du regard, mais aussi pour s’assurer que vous ne représentez pas un danger pour les passants. Car, en général, lorsque Zorro apparaît masqué, c’est toujours aux dépens de quelques-uns. Et souvent, il est déjà trop tard pour réagir.

Jean-Baptiste Placca

Jean-Baptiste Placca

Journaliste, chroniqueur.