Guantanamo, des prisonniers pris au piège

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Par Geneviève Garrigos… Le 22 janvier 2009, deux jours après son investiture, le président Barack Obama signait un décret ordonnant la fermeture de Guantanamo pour janvier 2010 au plus tard. Un an après, 198 hommes sont toujours détenus sur la base américaine située sur l’île de  Cuba, la plupart sans que jamais aucune charge n’ait été retenue contre eux et sans jamais avoir été traduits devant une cour de justice.

Une cinquantaine d’entre eux y sont comme pris au piège. Déclarés libérables par les autorités américaines, ils ne peuvent être renvoyés vers leur pays d’origine où ils risqueraient d’être soumis à la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements. Ils n’ont pas d’autre alternative que de rester à Guantanamo en attendant qu’un pays tiers accepte de les accueillir.

Les demandes d’asiles soumises par leurs avocats aux Etats-Unis ont été systématiquement rejetées. Les services de l’immigration prétendent qu’étant détenus en dehors des frontières américaines, ils ne peuvent leur reconnaître le droit de demander l’asile !

Pour les organisations de défense des droits humains comme Amnesty International, même si il appartient en premier lieu aux Etats-Unis de trouver des solutions pour mettre fin à huit ans d’injustice et de violations des droits humains, les pays européens doivent participer à cet effort même s’ils n’ont pas d’obligation légale à le faire. Après avoir exprimé pendant des années leur opposition au maintien en détention de personnes à Guantanamo, ils ont aujourd’hui une obligation morale de contribuer à la fermeture de ce centre.

La France, la Belgique, la Hongrie, le Portugal  et l’Irlande ont déjà accepté d’anciens détenus d’origine étrangère sur leur sol. La Grande Bretagne et l’Allemagne ont, elles, accepté uniquement des détenus résidant sur leur territoire avant leur arrestation.

nées à la torture et à des conditions de détention cruelles, beaucoup d’entre eux présentent des troubles psychologiques et physiques graves. Souvent, les victimes souffrent des séquelles de la torture toute leur vie et  le retour à une vie normale est un véritable enjeu.

Des exemples montrent que la réinsertion est possible ; les pays européens ont la capacité de procurer à ces personnes, injustement incarcérées pendant huit ans, l’assistance nécessaire pour les aider à reconstruire leur vie et à retrouver enfin leurs femmes, leurs enfants et leur famille.

Guantanamo est devenu le symbole des dérives sécuritaires. Sa fermeture permettra aux Etats-Unis de renouer avec la justice et le respect du droit international. Les hommes reconnus libérables qui y sont toujours détenus, faute de pays d’accueil sûr, doivent sortir immédiatement de ce piège.

La lutte contre le terrorisme ne se fait pas en bafouant les droits fondamentaux des personnes, elle n’est possible que dans le respect très strict de ces principes.

Geneviève Garrigos est présidente d’Amnesty International France.

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La rédaction de Grotius International.

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