Les barrières du cœur

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L’immensité du territoire australien entraîne différentes conséquences dont le fait que les propriétés atteignent parfois des tailles gigantesques. L’une des plus grandes exploitations agricoles du monde se trouve d’ailleurs ici. Anna Creek Station fait la taille de la Slovénie (2,4 millions d’hectares) et les travailleurs agricoles australiens utilisent fréquemment des hélicoptères pour surveiller et rabattre les troupeaux.

 Ces exploitations, comme toutes les propriétés agricoles sont soumises aux intempéries et aux catastrophes climatiques. Mais si la terre peut avoir la capacité de se régénérer seule, il en va autrement des constructions, en particulier des barrières qui peuvent rapidement atteindre des centaines de kilomètres. Un trou dans une barrière peut avoir de lourdes conséquences et causer la perte de nombreux animaux. Lorsqu’une exploitation est touchée par une catastrophe naturelle, il convient d’agir dans les plus brefs délais afin de ne pas voir tout son bétail se répandre dans la nature.

 Blaze Aid, une association pour réparer les barrières

Tout a commencé après le « Samedi noir » de 2009, lorsque Kevin et Rhonda Butler ont eu besoin de reconstruire leurs barrières afin de sécuriser leurs 1500 moutons. Ils ont alors fait appel à leur entourage, famille et voisins. En une semaine leurs barrières étaient reconstruites, ce qui leur aurait pris plusieurs mois s’ils avaient dû le faire seul. Ils ont alors décidé d’aider leurs voisins en retour.

Ainsi est née leur association. Depuis, ils ont aidé à reconstruire des milliers de barrières grâce à des volontaires venant de tout le pays mais aussi du monde entier. Ils ont reconstruit près de 2000 kilomètres de barrières depuis 4 ans et aident aussi à retirer les débris d’anciennes barrières, déplacer des arbres morts ou reconstruire des poulaillers. Mais l’action des volontaires, disent-ils, procure également du réconfort et aide les victimes des catastrophes à s’en remettre plus rapidement.

Lorsque l’on perd des biens matériels que l’on a passé des années à entretenir et à faire fructifier, que des élevages sont perdus ou pire encore, des proches, les agriculteurs se sentent encore plus isolés que d’habitude dans cette immensité de la campagne australienne. Etre entouré et soutenu par de parfaits inconnus doit alors être extrêmement réconfortant.

Le parallèle peut ainsi être fait avec les actions de solidarité internationale d’urgence. Bien que souvent controversées car menées à la hâte et ne répondant pas toujours aux besoins réels des victimes, ces actions ont quand même leur utilité. Faire sentir aux victimes qu’elles ne sont pas seules mais aussi leur apporter du soutien, un regard extérieur et même de la joie…

La différence avec les actions de solidarité internationales  se trouve dans le fait que ces fermiers ont un besoin très spécifique. Ils ne voient pas arriver sur leur propriété des hordes d’étrangers ne parlant pas leur langue, répondant à des ordres extérieurs (ceux de leur organisation) et devant remplir des « objectifs opérationnels » totalement abscons.

Blaze Aid ne propose pas non plus de reconstruire des barrières selon ses critères propres (c’est à dire répondant mieux aux standards occidentaux(1). La troisième différence majeure est que Blaze Aid est une association locale, malgré le fait que de nombreux volontaires soient étrangers. Ce dernier point est essentiel.

Kevin et Rhonda sont des agriculteurs australiens et qui ont eu a affronter eux-même la situation dans laquelle se retrouve leur « public cible ». Ils peuvent ainsi comprendre très rapidement les besoins des « destinataires » et mettre en œuvre une logistique appropriée. Même si le contexte local australien peut paraître bien moins compliqué à appréhender que le contexte ougandais ou somalien, les victimes restent des individus ayant leurs propres particularités et qu’il convient donc de connaître afin  de leur apporter le réconfort et l’aide matérielle dont ils ont besoin.

Lucas Corsini

Lucas Corsini

Jeune diplômé en Coopération et Solidarités Internationales, Lucas Corsini travaille sur une cartographie mondiale des solidarités via le site internet unlimited-projects.org. Passionné d’économie sociale et solidaire il se spécialise aujourd’hui dans le secteur de l’énergie.

Lucas Corsini

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