France : quels enjeux pour la Conférence Nationale sur l’Humanitaire ?

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© Irin

Le 16 novembre 2011 à la salle Convention du ministère des Affaires étrangères et européennes, les acteurs humanitaires français se retrouveront ensemble avec les pouvoirs publics pour parler de la question des défis et du partenariat dans le cadre des actions humanitaires internationales.

Lors d’une rencontre en juin dernier avec le ministre des Affaires étrangères et européennes (MAEE), Alain Juppé a souhaité que puisse se tenir une conférence de cette envergure en présence de tous les acteurs clés. Il a chargé le Centre de Crise d’organiser un comité de pilotage pour associer les organisations humanitaires dans la constitution du programme de cette journée. Il est vrai que le principe d’une conférence de restitution était prévu dans la lettre de mission rédigée en juillet 2009 par Bernard Kouchner dans laquelle il nous invitait à rédiger un rapport sur l’évolution de l’action humanitaire et à lui présenter des préconisations. A deux mois de l’organisation de cette conférence, quels en sont les principaux enjeux ? Comment était-elle organisée et que pouvons-nous en attendre ?

Comment est organisée la Conférence Nationale Humanitaire ?

Le Centre de Crise (CDC) dirigé par Serge Mostura est chargé au titre du MAEE de l’organisation de la Conférence Nationale Humanitaire en partenariat avec les organisations humanitaires. Le comité de pilotage comprend Serge Mostura et Caroline Grandjean du CDC, les deux auteurs du Rapport, Alain Boinet et Benoit Miribel, Sandrine Chopin au titre de la commission humanitaire de Coordination SUD, ainsi qu’URD pour la mise en œuvre pratique de cet événement.

En complément au comité de pilotage a été organisé un comité de préparation composé des principales organisations humanitaires. Une première réunion a eu lieu le 19 septembre au CDC pour valider les 3 temps principaux de cette journée :

– la présentation des recommandations du rapport,
– la présentation des défis humanitaires,
– la question du partenariat

La présentation des recommandations du rapport sera introduite par les auteurs du rapport et mises en valeur par des personnalités qualifiées. La présentation des défis et la question du partenariat a donné lieu à la mise en place de 6 groupes de travail, regroupant des représentants des pouvoirs publics et des acteurs humanitaires, pour définir les points clefs, proposer des intervenants et des modérateurs pour les six tables rondes prévues et préparer autant de textes de synthèse. D’autres réunions sont programmées dans les prochaines semaines.

La Conférence nationale humanitaire du 16 novembre sera introduite par le ministre, Alain Juppé en présence de madame Kristalina Georgevia, Commissaire européenne, qui fera une allocution. A l’issue de la journée, le ministre des Affaires étrangères et européennes viendra conclure la conférence et devrait annoncer des mesures améliorant l’action humanitaire.

Que pouvons-nous attendre de cette conférence ?

Nous en attendons une évolution et une amélioration notable des relations entre les pouvoirs publics et les acteurs humanitaires en France ainsi qu’une plus grande implication de la France dans les processus humanitaires de l’Union Européenne et des Nations Unies.

Dans cette perspective, nous savons que la présence d’élus nationaux et régionaux est capitale pour les sensibiliser aux enjeux de l’action humanitaire internationale.

Lors de la dernière initiative de ce genre, en 2003, Renaud Muselier, Secrétaire d’Etat à l’Action Humanitaire, avait invité les acteurs humanitaires. Cette initiative fut intéressante car elle permit de rassembler les acteurs privés (ONG, fondations et entreprises) en présence des responsables des pouvoirs publics, mais avec du recul, non seulement la présence d’élus fut insuffisante, mais les progrès réels furent minces.

Il est donc essentiel pour la réussite de la Conférence Nationale Humanitaire du 16 novembre prochain d’avoir la participation active d’élus nationaux et régionaux. Sans cette mobilisation, nous savons que nous risquons de nous retrouver entre spécialistes des questions humanitaires, sans avoir ceux qui votent les budgets et les grandes orientations politiques. De même, nous prévoyons d’inviter les représentants des organisations internationales présentes à Paris, les centres de recherche et universitaires spécialisés, ainsi que les médias.

Après avoir interviewés plus d’une centaine de personnes et effectués deux missions en Haïti et en RDC, le rapport fut remis en mars 2010 au ministre Bernard Kouchner, puis présenté à son initiative lors d’une réunion du Conseil Stratégique de la Coopération non Gouvernementale en juin.

A cette occasion également, les 5 axes de recommandations furent mis en avant et le ministre confirma qu’une conférence organisée, notamment pour sensibiliser les élus aux enjeux de l’action humanitaire internationale.

Parmi nos cinq recommandations principales, celle qui nous parait prioritaire est la définition d’une politique humanitaire inscrite dans le cadre d’une programmation pluriannuelle. En effet, cette recommandation permettrait d’intégrer les 4 autres principales qui sont :

– Adopter et promouvoir le Consensus Humanitaire Européen comme cadre de référence de la politique humanitaire défendue par le MAEE.

– Accroitre les ressources financières pour renforcer les moyens dédiés à l’action humanitaire de l’urgence à la reconstruction.

– Organiser un cadre de concertation régulier entre le MAEE et les acteurs humanitaires non gouvernementaux pour une meilleure information et concertation.

– Défendre les principes humanitaires dans le cadre de la réforme humanitaire des Nations-Unies.

Chacune des 5 principales recommandations est illustrée par des sous-recommandations qui visent à préciser des moyens de mises en œuvre.

Lors de cette session de juin 2010 du Conseil Stratégique de la Coopération non Gouvernementale figurait également à l’ordre du jour, la présentation du document cadre de coopération au développement, élaboré de façon concertée entre pouvoirs publics et associations. Il fut évoqué cet exemple comme pouvant servir dans le cadre d’une définition d’une politique française en matière d’action humanitaire internationale.

Ainsi, après la remise d’un rapport en mars 2010 au ministre Bernard Kouchner mettant en avant des recommandations, puis l’organisation en 2011 d’une Conférence Nationale Humanitaire décidée par le ministre Alain Juppé, l’année 2012 pourrait être celle de l’élaboration ’une politique humanitaire de la France, à l’image de ce que d’autres Etats européens ont initié.

Auteurs : Alain Boinet, directeur général et fondateur de Solidarités international et Benoit Miribel, Président d’Action contre la Faim.

« Les contours, mais aussi les frontières, de ce que l’humanitaire sera (ou ne sera pas) pour les deux ou trois décennies à venir se façonnent ainsi sous nos yeux » .
(Philippe Ryfman, Une histoire de l’humanitaire, La Découverte, « Repères », 2008).

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La rédaction de Grotius International.

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