« Bonne nouvelle. La faim est plus facile à guérir qu’à regarder » (Action contre la Faim)

0
45

Une campagne, une affiche…

Un enfant décharné, famélique se dresse et se détache dans la lumière du premier plan, occupant la partie gauche de cette image. Derrière lui, un second enfant, alité, ou devrions-nous peut-être plutôt dire gisant, dont les yeux clos, dans l’instantané d’une photo, relèveraient tout autant d’un sommeil réparateur que d’une destinée fatale…

L’image de la mort, même subtilement suggérée par la composition de cette photographie, n’est décidément pas une information comme une autre. Le regard du premier enfant vers la lumière, à la fois perdu dans le vide et tourné vers le ciel, s’échappant du cadre, entraîne l’attention du spectateur vers le hors-champ.

Le parcours de lecture s’arrête cependant à ces quelques lettres, gravées dans une typographie de pince DYMO® aux couleurs, bleue et blanche, de l’ONG. Si les couleurs évoquent l’énonciateur, ACTION CONTRE LA FAIM, le choix du lettrage est peut-être révélateur quant au destinataire de cette campagne publicitaire… Cet accessoire de papeterie passé de mode était encore usité dans les années quatre-vingts, et qui parmi nous ne s’est amusé à étiqueter ses cahiers avec cet antique objet ? Sur un plan catégorial distinct des maux mis en image, les mots que forment ces lettres blanches sur fond bleu, BONNE NOUVELLE, tranchent avec le choc visuel de la photo. Cette expression, dont le contre-emploi est manifeste, constitue l’accroche du slogan asséné : « La faim est plus facile à guérir qu’à regarder ».

Philippe Lavat

Philippe Lavat

Philippe Lavat, CEISME (Centre d’Etude des Images et des Sons Médiatiques), Paris 3.